John Hillcoat, qui s’était notamment illustré en 2009 avec le film La Route, achève l’exploit de hisser Des hommes sans loi (Lawless), un film “grand public”, en Sélection Officielle à Cannes. Ce choix étrange du jury, malgré la qualité incontestable du film, reste un mystère et lui vaut en tout cas de rester nominé dans toutes les catégories sans remporter une seule palme. Il en reste néanmoins un bon divertissement.

Des hommes sans loi est donc plus loin du film cannois de qualité (ou pas, pour certains) que du divertissement lambda grand public. Sa photo soignée et son casting sans défauts (oui, même Shia LaBeouf s’en sort bien) le fait sortir du lot des nombreux films d’actions sans personnalité ni charme. Le scénario, sans surprise, méritait d’être un peu plus travaillé, et justifie probablement en partie l’accueil mitigé dont il a été l’objet à Cannes, mais mis à part quelques rares longueurs, ce défaut pénalise peu l’expérience. Inspiré de faits réels (comme on dit) relatés dans le livre de Matt Bondurant - The Wettest County in the World, le film a l’avantage de renouveler le genre du film de gangsters, en faisant une oeuvre hybride habitée par l’esprit western, lui insufflant un aspect “roots” attachant.

Jamais Tom Hardy n’aura été aussi bon en si peu de mots. Taciturne et réservé, le personnage de Forrest Bondurant interprété avec naturel par ce grand nounours en fait décidément mon acteur coup de coeur de l’année 2012. Loin de la froideur du personnage de Bane mais offrant tout autant de présence à l’écran, le personnage allie avec brio stoïcisme, violence sans concessions et grand coeur.

Quant à Shia Labeouf, l’on sent dans ce rôle le début d’une reconversion commencée en douceur, qui ne tardera pas à basculer dans les extrêmes (rendez-vous pour Nymphomaniac de Lars Von Trier et The Necessary Death of Charlie Countryman, coucou les scènes de sexe non simulées et la prise de drogue sur le plateau). Un craquage de slip qui sent la grosse tête et pour l’instant ne se montre pas trop, Shia se contentant du personnage assez soft de Jack Bondurant, petit dernier ayant tout à prouver à sa fratrie. Rien de mirobolant dans son rôle qui pourtant dépasse de loin son jeu insupportablement écervelé et stéréotypé dans la saga Transformers.

Peut-on parler de Lawless sans mentionner Jessica Chastain ? Détenant la grâce du public et ne cessant de conquérir de nouveaux coeurs depuis The Tree of Life, elle ne sert certes pas à grand chose dans le film si ce n’est y apporter douceur dans un monde de brutes.
Filmosaure
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le 7 sept. 2012

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