ONCE UPON A TIME IN VIRGINIA...
Après avoir accouché d’un chef d’œuvre (The Proposition) et d’une excellente adaptation (quoi qu’en dise certains) d’un bouquin à succès (la Route), John Hillcoat et son scénariste / compositeur (et accessoirement popstar) Nick Cave continuent leur bonhomme de chemin avec un authentique véhicule de festival doté d’un casting cinq étoiles qui réunis quelques uns des meilleurs acteurs du moment.
Disons le d’emblée, ceux qui ont été captivés par la profondeur et la poésie des précédents essais du cinéaste australien seront un tantinet déçu.
En effet, les Hommes sans Lois est une œuvre classique au sens noble du terme mais sans la moindre surprise.
Certes on y trouve quelques plans à couper le souffle et une approche très malickienne de la nature mais cette superbe mise en scène ne parvient pas à transcender un script trop prévisible et sans la moindre originalité dans les thèmes qu’il aborde.
Car malgré la prohibition en toile de fond, c’est un authentique Western que réalise John Hillcoat. Le réalisateur traite le genre sans le moindre cynisme, un peu à la manière d’un Kevin Costner, mais en utilise scolairement tous les codes que ce soit dans la caractérisation de ces personnages ou dans une structure narrative qui reprend tous les passages obligés des grandes épopées de l’Ouest (l’inévitable gunfight final ou même la première rencontre entre Tom Hardy et Guy Pearce filmée comme un duel).
Cette mécanique (trop) bien huilée nuit un peu à la charge émotionnelle du métrage et l’empêche d’être aussi poignant qu’un film comme les Sentiers de la Perdition, lui aussi très classique.
Dommage, d’autant qu’on décèle de très bonnes idées d’écriture comme la légende qui entoure la famille Bondurant et quelques notes d’humour bien senties.
Passée la petite déception inhérente au scénario, Des Hommes sans Lois reste toutefois très agréable à suivre grâce à ces indéniables qualités plastiques et à des acteurs géniaux.
Toujours aussi flippant de présence physique, Tom Hardy la joue force tranquille pour changer. La formidable Jessica Chastain et Mia Wasikowska font mieux qu’exister dans cet univers masculin. Shia LaBeouf est surprenant, Jason Clarke est une révélation et Gary Oldman est impérial malgré un faible temps d’apparition à l’écran. Seul Guy Pearce en fait un peu trop, guère aidé il est vrai, par un script qui fait de son personnage une caricature de salopard intégral avec une dégaine de rapace.
Brillant dans la forme mais beaucoup moins sur le fond, des Hommes sans Lois est un beau film d’époque qui vaut le déplacement rien que pour ces interprètes.
En gros, c’est d’un classicisme absolu mais ça reste du bel ouvrage.
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