Gentlemen, you had my curiosity. But now you have my attention.

Django Unchained est une vaste fable postmoderne. Un film avec ses faiblesses, mais un chariot de qualités - avec, en tête de liste, celle de renverser complètement les attentes d'un spectateur sculpté à grands renforts de scénarios conventionnels et de films "faits comme on a toujours fait".

Car le film aurait pu se terminer à peu près à dix endroits différents, dix endroits où le rythme et l'accomplissement d'une catharsis sont autant de présages d'une conclusion imminente. Sauf qu'il n'en est rien. Le film, comme un épisode de vie, continue, renchérit, il s'en fout que ç'aurait été joli comme fin là, il n'a pas finit de raconter son histoire. Histoire qui ne finit, en réalité, jamais. Elle fait simplement se taire en nous laissant sur le goût agréable d'un semi-happy ending bien dosé et dépourvu de l'impression de finalité (comment y croire, de toute façon ?)

C'est pour l'aventure qu'on s'embarque et non pour sa conclusion. La scène de début, avec ses esclaves enchaînés, Fritz le cheval et la dent qui danse au bout de son ressort entre sans contredit dans mon palmarès personnel des meilleurs moments au cinéma. Waltz, acteur de génie, prouve qu'il est encore mieux à sa place dans un rôle philanthropique que dans celui de bad guy, malgré sa performance à couper le souffle dans Inglourious Basterds - sans compter Samuel L. Jackson, qui campe à merveille le rôle du personnage le plus haïssable de la dernière décennie. Les dialogues, comme toujours, sont à l'honneur, avec leur lot de one-liners dont on se souviendra longtemps. L'esthétique tarantinesque se dote d'un plan-résumé ; celui du sang giclant sur le coton. Et Django, avec son "D" muet et ses taches de rousseur, émeut et impressionne.

Long ? Oui. Éclaté ? Certainement. Mais si vous osez ne pas aller voir ce film, il ne me reste qu'à vous souhaiter une morne existence remplie de films avec Kate Hudson et Patrick Swayze et Drew Barrymore et Keanu Reeves. Vous l'aurez mérité.
Kariboute
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le 3 janv. 2013

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Kariboute

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