Incontournable, même si l'on aime pas Kubrick.
En voilà un film qui, lui, est subversif.
Alors que Stanley Kubrick, angoissé par la menace d'un conflit atomique en pleine guerre froide (et Dieu sait si on ne l'a pas frôlé à maintes reprises), il se mit en tête de réaliser un film sur ce sujet. Une fois le financement obtenu, il prit un virage à 90° et décide alors d'en faire une satire acide.
Bien que le Dr. Strangelove ait droit aux honneurs du titre, il n'en est pas moins un personnage on ne peut plus secondaire. Là où le film s'attache, c'est à faire passer les relations diplomatiques pour une blague, les officiers pour des fous, et les soldats pour des pions. Mais tout ceci dans un certain respect, car l'on ne s'attache non pas à une armée de gens, mais à des personnages très précis, qui ont un grain, et que subissent les hommes « raisonnables ». La logique tourne autour de la faille humaine, d'un officier qui pète les plombs, et de la réaction en chaîne qui inéluctablement mène à la guerre totale. Mais, plutôt que de sombrer dans le catastrophisme froid, les personnages ici sont nimbés d'une stupidité presque attendrissante, ce qu'il faut de légèreté pour que ce monde burlesque reste du domaine de l'imaginaire.
Peter Sellers y joue un triple rôle : celui du président des États-Unis, celui d'un général, et celui du Dr. Strangelove. Les deux premiers sont très justes, le dernier est exagéré à outrance (heureusement on le voit très peu). Mais le talent de M. Sellers transpire dans cette œuvre et donne vraiment beaucoup de corps au film. Les scènes où le président des États-Unis téléphone au premier ministre russe sont hilarantes.
Je ne vous en dis pas plus, car c'est un film à voir plus qu'à lire. La qualité d'image est irréprochable, un noir et blanc de toute beauté, avec une photographie impressionnante. Une bonne surprise (surtout que je ne suis pas un inconditionnel de Kubrick).
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