STAND UP EN FAUTEUIL ROULANT
Immense succès cinéphilique, adulé encore aujourd’hui par des générations de cinéphiles, veau d’or pour tout kubrickophile qui se respecte, il s’agit pourtant du produit d’un mélange des genres hasardeux, parodie macabre du glaçant « Point Limite » de Sidney Lumet, misant délibérément sur la décontraction et une sorte d'humour par l’absurde qui n’exclue jamais la surenchère- accumulant les scènes interminables (où est donc passé le monteur ?)- tombant, il faut bien l'avouer, très souvent à plat. Hésitant en permanence entre le la gravité que requiert le sujet, servi par un noir et blanc clinique, et une dérision qui vient à intervalle régulier rappeler l’hubris suicidaire qui semble intrinsèquement définir la nature humaine, Peter Sellers charge la barque plus que de raison et – le plus souvent en roue libre- s’improvise en une pantomime désarticulée, créature hybride de l’esprit de chaos d’un Adolf Hitler et de l’apprenti-sorcier Dr Frankenstein.Dommage, car Kubrick avait toute les cartes en main pour réussir son audacieuse entreprise, à commencer par un merveilleux directeur photo, des acteurs a priori plus qu’à la hauteur, et bien entendu cette magnifique rigueur millimétrique, tendue comme une corde, qui constitue d'ordinaire son marqueur de cinéaste quasi-démiurge. Rigueur légendaire qu’il aura choisi ici de laisser en lisière du cabotinage de quelques-uns et d’un récit qui cherche en permanence son équilibre, sans jamais le trouver.