• Revu en février 2014 :
Après l'épisode malencontreux de Stallone, Alex Garland décide de finalement rendre justice au comics, et nous écrit ce Dredd qui se montre être une excellente adaptation du personnage d'origine. Sans vouloir extrapoler des non-problèmes autour de la psychologie du personnage, le film reste simple, violent, sombre, et vraiment plaisant. Karl Urban campe très bien Dredd en tirant la gueule à chaque plan et clamant ses phrases de juge, juré, et bourreau sans équivoque. Le rythme est bien tenu avec une BO banale mais efficace avec l'image, et des scènes d'actions plutôt sympathiques. Qui plus est, il y a quand même une évolution des personnages à travers leur ascension de cette tour-ville infernale où leur deux têtes sont mises à prix. Divertissant, et avec de bonnes idées, tout en respectant l'esprit du comics. Que demander de plus ? Une 3D un peu moins dispensable peut-être, même si elle est dans l'ensemble de qualité, et qu'une suite puisse être produite.

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• Critique du 25 janvier 2013 :
Difficile d'aguicher le public quand la précédente adaptation du Juge Dredd, emmenée par l'action-man bankable de l'époque, Sylvester Stallone, écume encore et toujours les listes des pires films tirés de comics, et est tout simplement considérée comme un bon gros navet à 90 millions de dollars. Ce qui explique en grande partie les dix-sept ans d'attente avant que le visage de la Loi ne gouverne à nouveau les salles obscures, et également les nombreux commentaires railleurs balancés dès les premières infos et bandes-annonces de ce reboot.

Et on va aussitôt régler une polémique qui a enflé dès la sortie du film en salles. Beaucoup de critiques, ici et ailleurs, professionnels et amateurs, se permettent d’accuser à tort et de rédiger des inepties sans prendre la peine de se renseigner un minimum, ce qui est assez honteux. Trois clics et un peu de jugeote suffisent pourtant pour découvrir que : NON, DREDD N'A PAS PLAGIÉ THE RAID ! La dernière mouture de son scénario a vu le jour en 2009, et le tournage s'est terminé en février 2011, tandis que le script du film indonésien date de 2010 et a mis ses premières scènes en boîte seulement en mars 2011. Pas si compliqué de faire fonctionner ses neurones.

Dredd a beau avoir soulevé plus que le doute, à son annonce, c'était sans compter la présence du formidable scénariste Alex Garland, qui planchait sur cette ré-adaptation depuis 2006, réécrivant les scripts pour éviter de trop plonger dans le surréalisme du personnage, mais tout en réintroduisant progressivement sa mythologie avec une approche plus réaliste d'un futur (maussade) possible. Évidemment freiné par son budget d'à peine 50 millions de dollars, ne vous attendez pas à y voir tout ce qui est robots ou aliens, ce qui permet de garder une tournure plus réaliste sans trop plonger dans la science-fiction.

Certains effets visuels pâtissent même de ces moyens financiers restreints. Ainsi plusieurs effets numériques, CGI, incrustations, et matte paintings apparaissent critiquables, néanmoins pas au point de rendre le film cheap. Le long-métrage de Pete Travis garde en effet une certaine esthétique qui parvient à conserver une cohérence visuelle. Si Ang Lee joue avec les ratios, le directeur de la photo, Anthony Dod Mantle, lui, préfère jouer avec les couleurs contrastées et le grain. Tourné en numérique, le grain a été rajouté par la suite, et parfois en exagération, si bien que certaines scènes obscures ont l'air d'être filmées au caméscope. Néanmoins, sur la majorité du long-métrage, il demeure assez bien placé et contribue à offrir ce look urbain et sombre qui colle parfaitement à la personnalité de Dredd et aussi au lieu de l'action. Pourtant, au milieu de ce bloc de béton poisseux et menaçant dans lequel se déroule l'intrigue, certaines scènes ultra-colorées en slow-motion piquent au vif. Contrairement aux œuvres de Snyder qui utilisent les ralentis juste pour l'effet visuel, ici ils sont expliqués dans le scipt, à l'instar des conséquences de la matrice dans Matrix, comme étant dû à une drogue (le Slo-Mo) qui réduit la perception du temps. On apprécie la tentative de justification qui permet d'en mettre également plein les yeux.

Ce qui fait également la force de Dredd, c'est qu'il se déroule de la façon dont la plupart des adaptations de superhéros très connus devraient être présentées. On ne passe pas une heure à retracer les origines du personnages - et contrairement à Batman, Spider-Man, Superman, peu connaissent celles du Juge. On le voit simplement à l’œuvre, en train d'accomplir sa routine dans une journée "ordinaire" et l'on apprend alors à le connaître pendant la durée du film, dominé par l'action. Et en 1h30, il s'en passe des choses, mais ça peut également sembler un peu court. Au moins, cela évite que des dialogues soit intentionnellement développés à rallonge juste pour la soif d'atteindre 2h de matériel.

Dans l'immeuble-ville qu'est Mega-City One, on voit alors la figure emblématique de la Loi intervenir contre un gang sans pitié. Le scénario est assez simple, et l'on aurait apprécié en apprendre davantage sur le quotidien du Juge, et même sur l'organisation de cette brigade spéciale. Mais la prestation de Karl Urban replace vite ces quelques contrariétés au second plan. S'il laisse sceptique au départ, tant il semble surjouer l'attitude du personnage sans émotions, il convainc très rapidement par son incarnation de Dredd, et surtout ce côté sans concessions. Croisement entre Robocop, la voix du Batman de Nolan, et l'impartialité du Punisher dans War Zone, le traitement de Dredd est rendu violent et sans merci. D'ailleurs, le créateur originel de la bande-dessiné a même réécrit certains dialogues. Il faut accepter de jouer un rôle dans lequel on ne voit que la bouche, et même si l'apparence du Juge a été modifiée (moins tape-à-l'oeil avec l'éviction du doré), Urban en impose et montre qu'il connaît le personnage. À ses côtés, Olivia Thirby en Juge Anderson, qui permet le développement plus émotionnel et psychologique, et surtout l'antagoniste MaMa, jouée par une Lena Headey terrifiante. On remarque aussi quelques figurants pas toujours très impliqués dans leurs rôles.

La facilité, avec un film "bad-ass" de ce genre, aurait été de coller une bande son bien Rock'N'Roll, façon Iron Man, pour souligner la "cool-attitude" du protagoniste. Heureusement, le compositeur Paul Leonard-Morgan ne tombe pas dans ce travers, et sans non plus proposer des thèmes mémorables, offre une production des plus adéquates au ton du film. Orienté sur des schémas percussifs électro urbains, couplés à des beats agressifs et textures vrombissantes, il marque parfaitement l'optique sombre et périlleuse que représente cet immeuble imprenable. Les passages au ralenti, quant à eux, sont accompagnés de plages ambiantes, presque Trance, qui renvoient directement au trip hallucinogène, et s'avèrent être réellement des portions de pistes musicales ralenties à 1000%. Comme dans la description faite de la drogue dans le film, une seconde dans la réalité, dure 10 minutes sous effet.

[Critique 3D]
À compléter, une fois le Blu-Ray 3D en ma possession.

Néanmoins l'on remarque déjà beaucoup de détails en 2D destinés exclusivement à profiter du relief, à l'instar de toutes les séquences au ralenti mais également de la majorité de l'action. Du coup, certaines scènes peuvent sembler amoindries en visionnage normal alors qu'elle semblent pouvoir exploser littéralement en 3D, avec moult éléments à l'image (éclaboussures, bris, éclats, étincelles, fumée, projectiles...) qui trouvent leur place et consistance dans cette dimension additionnelle.
[Fin critique 3D]

Après avoir enfin eu l'occasion de sortir un film qui englobe parfaitement l'esprit du comic, il est juste dommage de voir qu'il ne donnera certainement pas suite à cause de ses faibles revenus d'exploitation au cinéma, pour les pays qui ont permis la diffusion en salle, bien entendu. Car ce Dredd (3D), en plus d'être plutôt bien foutu et vraiment divertissant tout du long, respecte clairement le caractère du personnage, et pose également différents points intéressants de la mythologie des Juges pour ouvrir la voie à des adaptations davantage poussées et dans le droit chemin.
AntoineRA
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le 25 janv. 2013

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AntoineRA

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