Judge Dredd, son univers fasciste et violent, en font un comic-book pas comme les autres. Dans un monde post-apocalyptique, la loi est entièrement dévolue à des juges qui font alors office de flic, de juge et de bourreau ! Autant vous dire que l'on est loin du monde des bisounours, et que l'on se rapproche plus d'une œuvre subversive.

En 1995, ce bon vieux Dredd avait eu les honneurs d'une adaptations cinématographique, avec pour rôle titre notre Stalonne. Depuis, le Dredd s'est mis les honneurs dans le cul tant le film est un viol du matériau d'origine. Un navet ridicule !

Alors lorsque j'ai appris que la franchise allait redémarrer avec un reboot, j'ai eu un peu peur. Surtout quand on voyait l'équipe. Le réalisateur était Pete Travis qui ne brillait pas par son génie, et au scénario c'était Alex Garland ("28 jours plus tard", "The Beach"...). Sans compter un budget réduit à 45 millions, autant dire rien pour un gros film d'action SF.

Et c'est là que le film est ingénieux. Au lieu d'avoir tout un univers mal branlé pour économiser le budget, le scénario est épuré. Le Judge Dredd et une débutante télépathe se rendent dans un immeuble pour appréhender une reine de la mafia. Manque de bol, ils se retrouvent piéger et doivent affronter des bad guys armés et dangereux. C'est simple, efficace et ça permet de ne pas se faire chier à essayer de créer un univers entier avec des effets spéciaux tout pourries. Et avec un scénario pareil, on rentre tout de suite dans le bain. D'autant que l'aspect introduction est torché en 10 minutes.

Le souci avec ce genre de récit, c'est qu'il faut savoir le maitriser : à savoir les enjeux et les ressorts dramatiques. Bon, ici, le scénariste n'a pas voulu s'emmerder avec des enjeux complexes : Dredd doit arrêter la coupable, il tuera tout ceux qui se mettent en travers de son chemin. Le souci, c'est que la sensation de danger pour nos héros n'est présente que vers la fin. Durant une bonne partie, on assiste à l'action sans ressentir de frisson. Bon, vous me direz, c'est Judge Dredd, à côté de lui l'inspecteur Harry a une petite bite. Mais quand même, c'est rageant de ne voir en ce film qu'une série B basique.

Et pourtant, c'est en ne pétant pas plus haut que son cul que le film nous surprend. Quand le Judge dégaine les flingues, c'est généreux, violent, jouissif, Dommage que l'action retombe de temps en temps, pour un jeu du chat et de la souris un peu mou du genou. Et quand bien même la réalisation de Travis est gentille, il arrive à créer des moments mémorables et iconiques. D'ailleurs c'est ce qu'on attend d'une adaptation de ce comics. On veut une œuvre totalement décomplexée et qui se fout d'une quelconque moralité bien pensante. Un film hard boiled bien torché, il y a du sang et ça tâche !
D'ailleurs le film est plutôt bien aidé par des personnes bien écrites et bien interprétées. Contrairement au nanard de 1995, où Judge Dredd était incarné par Stalonne, nous avons un Karl Urban qui incarne Dredd (noté que ce n'est pas tout à fait pareil). Notre Judge est une véritable machine dont le seul but est de rendre la justice. Aidé par une rookie, interprété par Olivia Thirlby, qui est très loin d'un side kick basique. Le personnage à une existence propre. Tout comme le rôle de la méchante, jouée par Lena Headey, formidable psychopathe.

Malgré des problèmes de rythmes et d'enjeux évidents, le film sait charmer. Mais putain, c'est le Judge Dredd ! Bourrin, fun, sans concession, c'est une introduction sauvage à l'univers du comics. On prend son pied, et on espère d'autres épisodes. Car vu comment c'est parti, ça serait dommage de s'arrêter là.

Une critique par Tsointsoin du blog format 35
overcube
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le 8 déc. 2012

Modifiée

le 8 déc. 2012

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