L'insuccès du film est à peine étonnant : ultra-violent, apparemment "cheap", et doté d'un personnage principal auquel il sera difficile de s'attacher ou de s'identifier, "Dredd" est de surcroît sorti peu après une série d'adaptations de comics éclatantes ("Avengers", "The Dark Knight Rises", "The Amazing Spider-Man"... et n'hésitons pas à inclure "MIB3" dans la liste). Pourtant, comme l'autre "remake"/dystopie de 2012 rejeté par le box-office (Total Recall), le film de Pete Travis est loin d'être inintéressant.
Que sa courte durée (1h35) ne soit pas interprétée par un manque d'ambition : c'est au contraire un action movie assez dense, un huis-clos sans le moindre temps mort. Si la brouillonne course-poursuite d'introduction laisse envisager le pire, le film impose très vite une identité visuelle et un ton résolument audacieux, et à des années-lumières du - sympathique - "Judge Dredd" de Danny Cannon (un écart que l'on pourra s'amuser à comparer à celui qui oppose les "Batman" de Burton et ceux de Nolan).
Les scènes de ralenti, dont on pouvait redouter un côté systématique et gimmick, trouvent très vite leur justification et le scénariste Alex Garland, à qui l'on doit les scripts de l'efficace "28 jours après" et de l'immense "Sunshine" prouve que la science-fiction européenne peut dépasser - et de loin - son homologue américaine. Pour toutes ces raisons, on ne peut que regretter la frilosité du distributeur français - qui a privé le film d'une sortie en salles.