Pur objet de mise en scène, donc forcément un peu limité, d'autant que dans sa construction et son esthétique le film doit ÉNORMÉMENT à Michael Mann qui aura décidément aidé pas mal de cinéastes à se renouveler (Fincher, Nolan, etc.). En tant que tel c'est une belle réussite, de la belle ouvrage, capable de moments totalement sidérants (un meurtre sur une plage par une nuit d'orage), palpitants (la scène d'ouverture, grandiose) et de sauvages éruptions de violence presque comiques qui viennent perturber un rythme plus lancinant et contemplatif, un peu mou du bide (pas très nouveau non plus mais c'est efficace).
On aura rarement vu Prix de la mise en scène plus pertinent à Cannes. Le film n'est quasiment que ça, reposant sur une trame scénaristique d'une rare banalité... Quelques petits détails amusants : le héros du film a vraiment quelque chose du personnage de jeu vidéo. Il porte toujours les mêmes fringues dont un improbable blouson que n'aurait pas renié Ryo Hazuki de Shenmue. Mutique, un peu décalé (physique de minet, mais capable d'une extrême brutalité limite pas crédible), un visage étrangement asymétrique figé dans une seule expression, un peu fadasse. On peut presque s'y projeter comme dans un avatar. Il finit d'ailleurs par se foutre un masque en latex sur la tronche, ce qui achève de le rendre encore plus inexpressif, presque aussi abstrait que le Michael Myers d'Halloween.