Hey kid, you want a toothpick?

Quel étrange film. Je suis sorti de la séance à la fois admiratif et perplexe. Admiratif de la mise en scène (dont le prix idoine à Cannes est justifié à mon sens) et perplexe concernant l'histoire et son traitement. Le pré-générique m'a pensé une chose très fortement : "La classe !"

Mais durant tout le film, je dois avouer avoir plein de flashs d'autres oeuvres. Voici en vrac les oeuvres auxquelles ce Drive m'a fait pensé :

Payback
Grand Theft Auto
Driver
les films de Kitano
les films de Park Chan-wook
Collateral

Est-ce intentionnel, est-ce moi dont la culture est pervertie par les jeux vidéo et les films américains ? Loin de moi, l'idée de porter un quelconque jugement. Peut-être a-t-on le même bagage culturel ? Et puis, un melting pot de référence peut aussi donner quelque chose de bien (il suffit de penser à Matrix, premier du nom ou à Dead Space, par exemple).

L'ambiance, en tout cas, est clairement étrange. Avec des personnages principaux pratiquement silencieux ayant des dialogues servant presque toujours à faire avancer l'histoire ou leur relation, pleine de sous-entendus, on pense à Kitano. Mais ici, Ryan Gosling est pour moi comme la Chevrolet Impala du début : tellement semblable à d'autres acteurs qu'il se fond dans la masse sans briller. Bien sûr, c'est le personnage et le réalisateur qui veulent ça mais c'est étrange. En plus, le film commence comme une banale histoire de prodige, mais finalement, "la transaction" du début n'est qu'un McGuffin. Un McGuffin balayé par la suite, par le malentendu. Et c'est là que le film puise dans Payback avec un héros qui ne demande qu'une seule chose mais personne ne veut le croire et s'entête à faire escalader la violence. Et cette fin ouverte permet encore l'espoir.

La naïveté du Driver ne cesse de surprendre. Que ce soit dans la relation avec Benicio, l'enfant, ou son père à qui il finira par offrir son aide alors que les circonstances ne s'y prêtent pas. J'ai l'impression que tout est fait pour dérouter le spectateur et c'est peut-être ça qui me plaît le plus.