C'est totalement par hasard que j'ai découvert Drive. En consultant la programmation de la semaine, j'ai d'abord cru qu'un réalisateur qui m'était jusqu'alors totalement inconnu, Nicolas Winding Refn, avait produit un ersatz de "Fast and Furious", de "Transporter" ou une adaptation de "Driver". Je me trompais.

Les critiques lues sur Allociné, dithyrambiques, que ce soit par la presse ou par les spectateurs, et le prix de la mise en scène remporté au Festival de Cannes 2011 m'ont définitivement convaincus que ce film ne devait pas être un simple film d'action écervelé. À raison. Le film m'a conquis.

Dans Drive, Ryan Gosling campe un anonyme, mécanicien taciturne qui effectue occasionnellement des cascades pour le cinéma. Pilote émérite, il accomplit aussi la nuit quelques convoyages pour les malfrats de Los Angeles. Faisant connaissance de sa voisine de palier, le conducteur va finalement être mêlé à des ennuis insoupçonnés...

Avant "Crazy, Stupid, Love", je ne connaissais pas bien Ryan Gosling en tant qu'acteur. Alors que d'aucuns moquent Jason Statham pour son faible éventail d'expressions faciales dans ses films, Ryan Gosling fait exactement la même chose dans Drive. Et l'alchimie prend sans aucun problème. Ryan Gosling est un sacré acteur, même si dans Drive ses réactions sont finalement très restreintes.

Le personnage de Ryan Gosling, dont on ne sait rien même pas le prénom, a un passé flou, pour ne pas dire trouble. Peu loquace, il essaie tout au long du film de mettre en avant sa sociabilité. Il sourit quelques fois, il dépanne Irène (Carey Mulligan), donne un coup de main à Standard (Oscar Isaac) et travaille pour Shannon (Bryan Cranston).

Malgré ses efforts pour se mêler aux autres et suivre une existence à peu près normale, on devine que le conducteur est un sociopathe refoulé. Lorsqu'il se retrouve acculé, il fait montre d'une violence intense, froide, implacable. Les scènes d'action sont brèves mais d'une grande brutalité.

Preuve en est, le héros du film est par moment franchement épouvantable. Lors de la projection, quelques rires gênés ont émané du public tant Ryan Gosling se montre convaincant lorsqu'il laisse exprimer sa rage (je pense ici à la fameuse scène de l'ascenseur). Ici, la violence est crue, non maîtrisée.

Ryan Gosling ne porte évidemment pas le film à lui seul, même s'il apporte beaucoup par l'entremise de son personnage. Partant d'un scénario assez simple, pour ne pas dire maigrichon, Nicolas Winding Refn livre un film superbe et fort bien mis en scène qui transcende une histoire dépouillée.

À la sortie du film, on comprend mieux pourquoi Drive a raflé le prix de la mise en scène à Cannes. Drive alterne les moments de calme et de contemplation avec des séquences vives et rapides. Tout est traité à travers le prisme de l'esthétique. Même la relation amoureuse que développe le conducteur avec Irène est suggérée et abordée de façon minimaliste.

Comment enfin ne pas parler de la bande originale du film, qui magnifie certaines des plus belles scènes du flm ? Elle accompagne à merveille le déroulement de l'histoire, ainsi que le travail effectué par Nicolas Winding Refn derrière la caméra. On pense en particulier à "A Real Hero", "Nightcall" ou encore "Under your spell".

Drive est donc la très bonne surprise de cette rentrée. D'un scénario basique, le réalisateur livre un travail achevé et maîtrisé. Des émotions à l'état brut. Je n'attends qu'une chose désormais. Le revoir.
Soren
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le 10 oct. 2011

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Soren

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