Plânant et tendu à la fois...
Adeptes de la lobotomie à coups de volant sport façon Fast and Furious, passez votre chemin...
Drive a reçu le prix de la mise en scène à Cannes et c'est amplement mérité. Nicolas Winding Refn a un sens aigu de la réalisation ; il frise l'esthétisant glacial sans jamais franchir la limite du nombrilisme. Il exprime subtilement un regret sur un visage, un combat dans une ombre, une tension dans un encadrement de porte, une tension sexuelle dans un silence, une tension dans un craquement de gant... une tension. Voilà le mot qui me vient à l'esprit à propos de ce film.
Sans compter le charisme de Ryan Goslin, sorte de Steve McQueen teinté de la folie de Taxi Driver, chevalier énigmatique qui sent le cambouis et le sang frais, qui s'exprime dans un demi-sourire comme dans un coup de folie. C'est tendu, c'est prenant, violent, mais on trouve une sorte de lumière dans toute cette poisse. Il y a des scènes qui méritent le détour (celle dans l'ascenseur, qui résume à elle seule l'ambivalence du personnage), une belle galerie de seconds couteaux, et une envoûtante musique eighties. Adrénaline.