Ca se passe en Angleterre, dont on entend souvent parler aux infos pour ces jeunes ados violents qui se complaisent dans le binge drinking, etc. Ca aurait pu être intéressant d'exploiter ça dans un thriller pour en faire la menace.
Par contre, même le contexte posé, le film insiste largement sur le thème des ados et de la violence : ces jeunes idiots irrespectueux qui traversent en vélo quand il ne faut pas juste devant la voiture des héros, les jeunes qui volent leur place de parking, l'enfant frappé par sa mère, et même carrément le débat à la radio sur les enfants incontrôlables, ...
C'est bon, on a compris !
Et c'est bon, j'avais déjà compris aussi que je n'allais pas aimer ce film. Même si au final ce n'est pas son manque de finesse que je lui reproche principalement.
Je dois quand même avouer que le groupe de jeunes voyous crée une bonne tension, même quand ils ne font qu'être là, à déranger, de par leur musique trop forte et leur chien qui s'approche de trop près. Il aboie mais ne mord pas ; les ados sont dérangeants mais pas menaçants, et c'est le fait qu'ils soient entre deux qui dérange. Steve et Jenny, les personnages principaux, ne savent pas trop quoi faire du coup, l'homme se plaint mais surtout pour ne pas avoir l'air d'un naze auprès de sa copine, mais moi je ne saurais pas trop quoi faire non plus à leur place.

Les jeunes de ce film sont de bons méchants, dans le sens où ils correspondent à cette figure ancrée dans la réalité qui fait chier et qu'on ne peut que détester.
Par contre, ce qui est plus embêtant, c'est que je me rends compte qu'on n'a d'empathie pour aucun des personnages.
Il y a Steve qui nous fournit en jump-scare en faisant une blague à sa copine et qui, plus tard, comme un abruti, crée du "suspense" pour rien en pénétrant dans une maison tandis qu'il n'y a personne, et se fait piéger quand le propriétaire rentre. Bon, au moins la réalisation est pas mauvaise : quand il repart par la fenêtre, James Watkins a bien fait attention à ce qu'on ne voit pas le muret par lequel Steve s'échappe lorsqu'on le voit sur le toit, croyant ainsi qu'il est foutu.
Mais vraiment, des fois j'ai l'impression que dans les films d'horreur, les personnages secondaires que croisent les protagonistes (quand ils ne sont pas des cons eux-même, comme dans beaucoup de slashers des 80's) se doivent d'être des connards antipathiques. Enfin, c'est une tendance moderne, et française même : Brocéliande, A l'intérieur, Martyrs, ...
Comme si c'était nécessaire pour rajouter une tension supplémentaire, de voir des gens qui, sans raison, vous parlent comme de la merde ; dans les autres genres cinématographiques, on ne voit pas ça.
Bah dans Eden lake, le personnage con et borné dont on ne comprend pas le raisonnement, c'est celui de la serveuse du restaurant : quand on lui dit penser prévenir les parents concernant ces jeunes sauvages rencontrés par les héros, elle qui semblait pourtant plutôt chaleureuse, répond soudain froidement "ce ne sont pas mes enfants". Et elle le répète quand on essaye de s'expliquer. Ca donne pas envie d'être poli, ce genre de film.
Il faut aussi compter plus tard sur ce petit connard qui trahit l'héroïne, c'en est ridicule même, je me disais "naaaan, ils ont quand même pas fait que ce garçon innocent soit en fait un traître, ce serait grotesque". Et donc, c'est prévisible, en plus.

Concernant les autres personnages, notamment les méchants, je ne les comprends pas.
Pourquoi ils balancent les clefs de la voiture aux gentils, alors qu'ils ont tué leur chien, ce qui est la raison pour laquelle l'instant d'après ils veulent les rattraper ?
Et je n'y crois simplement pas, au bout d'un moment, à ces personnages de petits voyous.
Ils brûlent un enfant pour s'en tenir à leur menace proférée à l'héroïne, quand ils ont dit que si elle ne revenait pas, ils tuaient le gamin à sa place.
Comme si on se transformait aussi facilement en tueurs qui massacrent comme ça, sur un coup de tête, comme si ce n'était rien. Comme si ces personnages d'adolescents pouvaient avoir si peu de considérations morales.
Après il y a d'autres incohérences, genre le type charcuté de partout, qui non seulement n'est pas mort, mais arrive aussi à s'enfuir. Et je ne sais pas comment il fait pour tenir dans de l'eau de marais, avec une plaie ouverte jusqu'à ses intestins, en restant silencieux.

Tout ça pour des petits cons. Ces personnes qu'on détesterait déjà dans la réalité, et dont la violence gratuite sert au film. Nan, finalement, ça ne me plaît pas de voir tout un film reposant sur eux, ça me chiffonne je dirais.
Et le réalisateur rajoute de sa violence gratuite, et de la méchanceté irraisonnée envers ses personnages. Par exemple, l'un d'eux se prend un bout de verre énorme dans le pied, comme ça, parce qu'il ne s'était rien passé depuis un moment j'imagine, et pendant trois plombes on le voit souffrir, gémir, ramper, au point que c'en est saoulant.
Pour moi la fin d'Eden lake est détestable car, dans la continuation du film, elle ne fait qu'accumuler les maux, et faire un étalage de souffrance et de désespoir sans raison, aucune. James Watkins s'amuse à en foutre plein la gueule à ses personnages, il les torture et se contente d'exposer leur supplice aux spectateurs, en dénuant son film de tout sens moral, et en ne fournissant aucun recul non plus.
C'est dégueulasse.

Au moins, les acteurs sont bons, et comme on nous le promettait, il y a de beaux paysages.

J'ai relu ce que j'avais écrit sur "I spit on your grave", pour savoir comment j'avais pu apprécier ce film, et pas Eden lake. L'autre film est plus intéressant, moins plombant, il y a une meilleure mise en scène, et un propos.
EDIT : Et de la considération pour le personnage principal.

EDIT : En fait je n'aime pas Eden lake parce qu'il n'est pas divertissant, il est dérangeant, ce qui ne fait pas forcément un mauvais film, mais le problème c'est qu'il est dérangeant sans propos.
J'y ai réfléchi, et c'est bien, au moins Eden lake me fait prendre conscience de la différence qui existe entre les films qui représentent des actes immoraux, du genre Flesh+blood ou A Serbian film (ce que j'aime), des films en eux-même immoraux, ou amoraux.
Fry3000
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le 5 mai 2012

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Wykydtron IV

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