"Eden Lake" surprend. Vendu comme un film d'horreur on s'attend donc à voir débouler les codes du genre habituel. Mais tel n'est pas le cas, nous sommes plutôt dans un thriller social gore.


Premier élément important : l'ennemi est présenté très vite et est rationnalisé, entendez par là qu'il ne s'agit pas d'une entité maléfique ou symbolique. Les gosses sont des crapules de la vie de tous les jours. Les héros un couple tout à fait normal. Le message fait un peu peur ; c'est vrai qu'il y a un gros problème d'éducation. Mais l'auteur semble généraliser à tort et le discours est aussi bref qu'irréfléchi. Mais bon on va pas s'en plaindre car ce manque de réflexion donne lieu à une tension palpable. Car, comme souvent avec les films jusqu'au-boutistes (il y a peu je parlais de mon amour pour les films patriotiques), on en prend plein les mirettes.


Ce que je reproche au film est d'ordre dramaturgique. Certains conflits se voient amplifiés avec facilités. Le coup du pas de chance, appelé malus ex machina en opposition au deus, ça agace un peu car c'est une façon facile de mettre des bâtons dans les roues ; les héros tombent où il ne faut pas, l'héroïne se prend un bout de bois bien dans le pied lorsqu'elle se met à courir... C'est pas drôle simplement parce que ce n'est pas un piège prévu par les méchants... c'est juste la faute à pas de chance (et donc de l'auteur).


La mise en scène est assez sympatoche, mais ne nous épargne pas pour autant les fautes de rythme. Cela est est lié au scénario, bien sûr, mais aussi au montage qui où l'on aurait pu raccourcir certains plans. Les acteurs sont très bons. j'ignorais que j'allais retrouver ce bon vieux Fassbender (curieux film d'ailleurs pour l'y revoir). Kelly Reilly, découverte dans "L'auberge espagnole" , est toujours aussi parfaite plastiquement. Encore qu'elle a un peu maigri et c'est dommage. Mais bon elle n'est pas désagréable à regarder. Et elle joue bien. Pas aussi bien que Michael, mais très bien quand même. La caméra est assez immersive. Elle tremblote un peu, pas trop, juste pour faire plus 'réel'. L'angle de vue adopté est toujours lisible. Les effets spéciaux sont réussis. L'on pourra saluer le réalisateur qui a choisi de ne pas trop mettre en valeur le gore ; il y a certains gros plans dégueux, c'est vrai, mais il reste de la place pour la suggestion, et ça c'est pas mal. Et enfin on a droit à une torche humaine enfant.


Bref, "Eden Lake" souffre de quelques facilités narratives, c'est vrai, mais c'est tellement intense et prenant qu'on peut pardonner et se laisser porter pleinement par ce calvaire.


Bonus : http://image.noelshack.com/fichiers/2015/06/1422979874-eden-lake.jpg

Fatpooper
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le 6 mars 2014

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