Edward aux mains d'argent par Galadriel
Depuis le temps que je voulais le voir, et bien c'est fait. Je ne peux pas m'empêcher d'être un tout petit déçue, quand même. Je m'attendais bizarrement à quelque chose de plus noir, de plus effrayant, peut-être. Autant dire que ça ne m'a pas fait cet effet un seul instant. J'aurais dû me défaire de cette impression avant de commencer le film sans doute, y aller sans attente.
Il y a d'autres détails qui m'ont fait grimacer, comme quand on voit Edward se servir de ses ciseaux sur les haies ou sur les chiens. J'ai trouvé ça assez ridicule. Le bruit des ciseaux, les feuilles/poils qui volent partout, le plan sur le visage, un peu trop pour moi ; ça me faisait l'impression d'un gag. De même que l'aspect extérieur du manoir et les automates de l'inventeur faisaient un peu carton pâte. Un petit côté rétro, et puis c'était les années 90. Mais visuellement je n'ai pas accroché sur ces éléments ; c'était pourtant l'univers que j'espérais, et j'aurais aimé en voir plus.
Ce que je ne peux pas reprocher en tout cas, ce sont les choix de mise en scène. La chose absolument géniale, c'est que le quartier américain, avec ses maisons jaunes, bleues et vertes, est bien plus angoissant que la demeure sombre et poussiéreuse d'Edward. Et ce sont les humains qui sont en quelque sorte les "monstres", et leurs mains d'argent à eux, c'est l'égoïsme et le jugement facile. Cette critique de la société, là c'est absolument intelligent. Les rôles sont inversés entre les personnages.
La scène qui est la plus inquiétante en fait, c'est lorsque, le matin, on voit les maris sortir de leurs affreuses maisons, monter dans leurs voitures tout aussi unicolores, et partir au travail dans une sorte de chorégraphie précise et millimétrée. On devine là le rituel journalier, et les femmes qu'ils laissent deviennent de vraies desperates housewives, au très mauvais sens du terme. Elle fondent leur petite société qui vous accueille un jour parce que vous leur apportez de la nouveauté, et dès qu'elles en ont assez et se retrouvent déçues, elles s'attaquent à vos différences et au revoir bon débarras.
L'histoire de la neige est poétique, l'histoire tout court est belle. Très bonne trouvaille de l'inventeur qui meurt avant d'avoir terminé sa création. On se plait à suivre la vie d'Edward, livré, tout naïf qu'il est, au monde réel, et avec lui on se rend compte de la folie qui y règne. Et bien oui, au final c'est un très chouette film.