Ruby Sparks – Frankenstein avec une machine à écrire

Calvin est écrivain. Après avoir eu énormément de succès, il a une panne d’inspiration. Son agent s’en fout car il peut continuer de surfer sur la vague de son dernier best-seller. Il lui arrange pleins de meetings à la con mais Calvin déprime quand même grave. Il est suivi par un psy (Elliott Gould) qui lui conseille de coucher sur papier les trucs dont il rêve pendant son sommeil. Ça tombe bien, en ce moment, il rêve d’une jeune femme. Une rousse dont il ne voit pas le visage mais il sent qu’elle est belle, qu’elle l’attire. Alors il écrit sur elle.


Durant une nuit, il rêve de nouveau de la rousse. Il rêve qu’il la rencontre dans un parc alors qu’il promenait son chien. Son chien est un peu patate ( = il est con). Tu vas me dire, on s’en branle mais apparemment, c’est hyper important pour le subconscient de Calvin que cette rousse soit une fille suffisamment classe pour "aimer ce chien pour ce qu’il est". Ah là là, la pauvre, si elle savait…


Le lendemain matin, Calvin se réveille comme s’il venait de réaliser qu’il avait une urgente envie de pisser et se jette sur sa machine à écrire (rhô le ringard ! lul lul). Il écrit un roman fleuve à partir de ce rêve de merde, en extrapolant un peu beaucoup sur la jeunesse de la rouquine, sa vie, son œuvre, ses j’aime/j’aime pas et autres détails à la con qui, cumulés, en font une description tout à fait complète d’un être humain tout à fait réaliste (Dans les notes du livre encore inachevé, y’a surement son code ADN).
Calvin est content.


Mais peu à peu, Calvin retrouve chez lui des objets qui ne lui appartiennent pas. Un soutif qui traine sur le canapé, une brosse à dent que c’est pas la sienne… Calvin, très très con, s’est conforté dans l’hypothèse que son chien-patate part voler des trucs dans le quartier. Calvin. Ton chien est enfermé chez toi. Tu le promènes en laisse. Il n’a jamais manifesté de symptômes de kleptomanie. Le truc le plus probable, c’est que ton frère (Chris Messina, le copain de Claire dans Six Feet Under) se fout de ta gueule et planque des objets insolites dans ta piaule pour te dérider le cul.
Calvin, t’es con.


En fait non.


Un jour, Ruby, la meuf de ses rêves, celle dont il a détaillé sur papier jusqu’à ses goûts musicaux de chiotte, pope dans la réalité. Elle se retrouve dans la cuisine de Calvin, à moitié à poil, en train de faire le petit déjeuner. Le pire, alors que Calvin est au téléphone, expliquant à je sais plus qui qu’il ne peut pas trop s’absenter de chez lui parce qu’il doit sortir son chien, cette dévergondée l’interrompt et lui propose de sortir Patate à sa place.
Calvin, devant un tel manque de respect de ses conversation privée, en reste bouche bée (aussi probablement parce qu’il a une bonnasse dans sa cuisine qui lui fait le petit déjeuner. Je suis pas lesbienne mais moi aussi j’aimerai bien qu’une bonnasse me fasse des gauffres le matin).
Il ferme sa bouche, il raccroche, il panique, il se planque (mais c’est pas un démon putain, c’est une bonnasse !), il appelle son frère :


"- Allô, frangin, c’est Calvin. Y’a une bonnasse dans ma cuisine ! A l’aide !
- Va te faire enculer Calvin.
- Non mais pour de vrai, j’ai une bonnasse dans ma cuisine et je crois que c’est la meuf de mon livre.
- Calvin, y’en a qui ont un vrai travail alors t’es gentil, tu arrêtes de m’appeler pour me raconter de la merde et tu vas chier un coup.
- Non mais pitiéôsekourjevaimourireuh
- Taggle"


Calvin se fait raccrocher à la tronche (et il l’a pas volé). Il redescend. Il parvient à échanger deux mots avec la rousse. Puis il se casse pour s’aérer les idées.
Logique. Moi aussi, si j’avais l’homme de mes rêves, trop je fous le camp pendant qu’il me fait des pancakes.
Ce qui suit est encore plus chiant : Calvin donne rendez-vous à une de ses groupies (qui n’est autre que Maeby d’Arrested Development). Maeby veut trop le baiser alors que Calvin, il veut juste se changer les idées (ces femmes, toutes des salopes… A mort le matriarcat !). Et comme de par hasard, Ruby se promène dans la rue, voit Calvin en train de boire un café avec Maeby (oh le salaud ! Il boit un café en terrasse alors qu’elle lui faisait des tartines de Nutella !!!), s’insurge contre les deux accros à la caféine.


"- Je plane du cul ou t’en drague une autre pendant que je te propose de promener ton chien en mousse ?
- …
- Calvin, c’est qui cette fille ?
- Quoi, tu la vois ???
- Bien sûr qu’elle me voie, ramassis de poils de cul ! Et ma tarte à cinq doigts, tu vas la goûter en 3D, ça va pas traîner !
- Oh putain, t’es réelle !!!! Ruby ! Je te cœur trop de love !
- Ouais euh moi je vais vous laisser, je me suis gouré, j’ai rien à foutre dans ce film, j’ai des Arrested Development à tourner…
- Ruby, reviens !
- T’es qu’un con !
* Musique de Carla Bruni avec un poster GÉANT de Carla Bruni dans un Paris Match accroché sur la façade d’un marchand de journaux *
- Ruby, ma petite caille des forêts ! Mais je t’aime ! Juste je suis un peu con ! Un peu comme mon chien !
- Ah bon bah ça va alors."


Là, ils s’embrassent, c’est trop génial, ils vivent ensemble, c’est beau. Le frangin de Calvin, après un certain moment de scepticisme légitime, en vient à défier son frère de modifier Ruby et de lui faire parler le Français couramment (c’est un film ricain à la base et le Français, c’est trop cool, comme Carla Bru…). Il est soulagé que son frère ne soit pas dingue mais quand même, il est sur le cul qu’il ait un talent pareil.
(Un jour, Miloon ouvrit son tiroir de droite et découvrir un million d’euros… Quoi, je tente, on sait jamais…)


Leur relation se passe bien mais le stade "fusionnel" s’essouffle et Ruby manifeste l’envie de dormir des fois dans son appart’ dont elle paie quand même un loyer (et à mon avis, un poil plus que 10 balles). Calvin se retient quelques semaines mais finit par craquer. Son désir de rester coller à sa douce ne lui ait pas passer. Pour l’obliger à ne plus se passer de lui, Calvin, qui s’était juré de ne plus modifier son amoureuse, lance ses doigts sur sa machine à écrire et la rend dépressive.
A quoi il s’attendait ce con. T’écris "Ruby ne pouvait plus se passer de Calvin", la meuf, elle fait forcément une dépression dès qu’il part chier ! Alors bon, c’est pas trop trop une salope, il va quand même faire le nécessaire pour lui ranimer un peu son étincelle de joie. Mais… IL EST HYPER CON ! A écrire "Ruby va s’extasier de chaque poussière de l’univers", fallait bien se douter que la meuf allait devenir hyper relou.


Calvin est un homme très stupide. Pour un écrivain, c’est à se demander si son fameux best-seller n’était pas un énième Twilight…


Finalement, il la fait redevenir normale, tant pis si elle veut passer un soir sans lui, tant pis si elle ne lui sert plus son bol de chocapic chaque matin.


Tout se passe bien lalila jusqu’au soir où Calvin est invité à un évènement branchouille de merde où il doit serrer des paluches et jouer le ministre. Bien sûr, il traîne Ruby avec lui et bien sûr, elle s’emmerde. Mais c’est sans compter sur l’intervention de son agent ou je sais plus quoi (enfin un connard quoi, joué par Steve Coogan en plus) qui lui fait du rentre dedans et la défie de se foutre en sous-vêtements pour profiter de la piscine intérieure (genre, y’a une putain de piscine d’intérieure). Calvin surprend Ruby en soutif, il manifeste sa colère et les deux tourtereaux qui ont du plomb dans l’aile (hihihi) rentrent à la maison.


- I’M NOT YOUR CHILD! You don’t get to decide what I do.
- Wanna bet?
- What?!
- I’m pretty sure I can make you do whatever I want…

S’en suit une scène absolument scandaleuse qui m’a mise mal à l’aise. Je me suis demandé si c’était une sorte de morale sur la torture morale que certains conjoints infligent à leurs femmes ou quoi… J’vous explique. Calvin fait sa grande gueule et dit à Ruby qu’il peut la forcer à faire n’importe quoi. A ce moment-là, tu remercies le scénariste de ne pas avoir fait de Calvin un pervers sexuel car Calvin va lui faire faire des trucs complètement délirants qui vont aboutir à la fuite de Ruby, la défaite de Calvin, la libération de la créature.


Ce film est niais et bourré de bons sentiments. Mais on ne peut pas s’empêcher d’avoir envie d’assassiner Calvin. Parce qu’il abuse de son pouvoir de créateur ? Oui. Mais surtout parce qu’il est con.


En vrai, y’a trop pleins de trucs à dire sur le film mais comme dit Zoidberg, c’est pas Citizen Kane, ça sert à rien de trop s’étendre dessus. En plus, vous n’en avez déjà plus rien à foutre.

Miloon
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le 31 janv. 2014

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