Pedro Almodovar, le fantasque cinéaste Espagnol réalise en 2009, Etreintes Brisées. Quatrième collaboration avec sa muse, Penelope Cruz, cette oeuvre est une magnifique ode à l'amour et à l'art cinématographique.

Quand Mateo Blanco alias Harry Caine (Lluis Homar, poignant) perd la vue et sa bien-aimée dans un accident de voiture, son destin bascule. Sa carrière de réalisateur est terminée ; incapable de faire le deuil, il se réfugie dans ses souvenirs et ne vit plus que sous son pseudonyme de scénariste, Harry Caine, comme si Blanco était également décédé sur la route aux côtés de sa moitié.

Almodovar signe avec Etreintes Brisées une oeuvre flamboyante à la beauté incandescente. Le film est une sorte de mise en abyme du travail de réalisateur. L'Espagnol est virtuose de la mise en scène et sa caméra est toujours placée de manière à faire sens, à appuyer le récit qui se veut langoureusement triste à l'image de Mateo, aveugle et perdu caressant son écran qui passe en boucle son film avec sa Lena, scène douloureusement tragico-poétique. Le scénario multiplie les genres et joue sur la temporalité avec finesse. Tantôt comédie, tantôt film noir en passant par le drame le plus sombre, navigant entre passé et présent, le récit de cet amour à jamais perdu transporte et réjouit, nous brise et nous reconstruit à l'instar de ces photos de Lena en mille morceaux, tristement belles.

Cruellement romantique et sensuellement divine, telle est Penelope Cruz dans Etreintes Brisées. Une muse, une déesse, l'inspiration de Mateo Blanco mais également d'Almodovar qui puise chez la belle Espagnole et chez les femmes en général le meilleur de lui-même. Le cinéaste a toujours sublimé les femmes dans ses films et celui-ci ne fait pas exception à la règle. Entre la force rayonnante d'Ingrid Bergman (muse de Roberto Rossellini) et la fragilité passionnée d'Audrey Hepburn, la féline Penelope Cruz est resplendissante et porte le film de par sa prestation envoûtante et irrésistible. A noter un caméo réjouissant de Rossy De Palma, autre muse du cinéaste Ibérique et qui fait écho à son long-métrage, Femmes au bord de la crise de nerfs.

Etreintes Brisées, ode à l'amour fou, à la passion, symbolisée par la couleur rouge, couleur dominante du film et nous foudroyant littéralement la rétine. Un film coup de foudre justement ; telle peut être résumée cette oeuvre, visuellement lancinante, autant un hommage au cinéma qu'aux femmes. En un mot comme en cent, Almodovar déclare une nouvelle fois sa flamme au septième art et à ces femmes qu'il chérit tant avec ce récit enlevé, jubilatoire, cruel, tragique et mélancolique.

Le film parlera à tous les amoureux de cinéma, un art immortel et intemporel. Laissez-vous enlacer par ces Etreintes Brisées.
VincentF1
8
Écrit par

Créée

le 11 nov. 2012

Critique lue 1.8K fois

13 j'aime

2 commentaires

Vincent Formica

Écrit par

Critique lue 1.8K fois

13
2

D'autres avis sur Étreintes brisées

Étreintes brisées
Shalf
9

Critique de Étreintes brisées par Shalf

C'est le genre de film que l'on va voir parce que Penelope Cruz, beaucoup, et c'est en espagnol, un peu. Bon accessoirement c'est Almodovar, mais le diktat des réalisateurs dont il faut avoir tout vu...

le 14 juin 2010

11 j'aime

1

Étreintes brisées
Figoluu
4

De ces films qui devraient être bons mais il n'en est rien.

Deux ans que j'avais le poster de ce film sur mon mur. Je ne l'avais jamais vu car le poster me fut donné par une dame auprès de qui j'avais acheté une autre affiche et m'ayant pris en sympathie,...

le 15 juin 2022

10 j'aime

6

Étreintes brisées
EricDebarnot
8

Coups de génie...

On peut critiquer le scénario trop complexe d'Almodovar, le foisonnement de personnages qui, au final, ne servent qu'à distraire l'attention du cœur sombre du film, sans parler de l'indiscutable...

le 4 oct. 2015

10 j'aime

Du même critique

À l'est d'Eden
VincentF1
9

Critique de À l'est d'Eden par Vincent Formica

A l'est d'Éden, film d'Elia Kazan sorti en 1955 est un des plus grands classiques de l'histoire du cinéma. Adaptation du roman éponyme de John Steinbeck, le film a contribué à forger la légende de...

le 11 nov. 2012

11 j'aime

Fight Club
VincentF1
8

Critique de Fight Club par Vincent Formica

Fight Club, du réalisateur David Fincher, sorti en 1999 est un véritable petit bijou lorgnant du côté d'Orange Mécanique de Stanley Kubrick. Adaptation du roman éponyme de Chuck Palahniuk, le film...

le 11 nov. 2012

11 j'aime

Rosemary's Baby
VincentF1
8

Critique de Rosemary's Baby par Vincent Formica

Rosemary et Guy Woodhouse viennent d'emménager dans un appartement cossu d'un immeuble New-Yorkais. Très vite, leur quotidien va être dérangé par des voisins à l'amabilité encombrante et...

le 11 nov. 2012

10 j'aime

2