La quintessence de ces dernières semaines dédiées en grande partie au visionnage de film d'action des années 80-90 ne devait être trouvé qu'en ce soir où, jour de sortie oblige, quelques aficionados étaient venus remplir une salle pour apprécier le délire de surenchère du nouveau Expandable. Et oui, ce fut bien une expérience réjouissante, mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs, et revenons aux fondamentaux.

De quoi parle notre bon métrage ? Alors, après avoir lamentablement égaré Jet Li, l'équipe de Stallone se dote du frère de Thor, un petit blondinet à tête de poupon, dont ce n'était pas la guerre puisqu'il a rejoint les mercenaires pour défendre la veuve et le chien errant, après l'Afghanistan. Ce dernier meurt alors durant une mission, des mains du vilain Vilain (oui, c'est son nom), incarné par Jean-Claude Van Dame en roue libre, terroriste français et méchant qui récupère alors un plan d'une mine où sont cachées cinq tonnes d'uranium militaire, de quoi en faire, une tripotée de vilaines bombes ! On troque quand même, au passage, les jolis décors presque cubains pour une Europe de l'Est bien dégueulasse, avec même un long passage en forêt, comme le plus humble des nanars ! Si ça fait pas plaisir ça !
Niveau personnage, on retrouve toute la clique, donc même Jet Li, mais il quitte bien vite l'écran. Pour les autres, Crews et Couture ont quelques répliques un peu plus senties que dans le premier, de quoi donner juste ce qu'il faut de caractère à leurs personnages. En fait, attendez-vous surtout à voir Stallone à l'écran. Le film aurait pu être renommé « Barney et ses boyz » tellement Sylvester, maintenant qu'il n'est plus derrière la caméra, est omniprésent devant. 95% des plans verront la mine de chien battu du vétéran des actionners. Bon, ce n'est pas une horreur non plus, mais c'est étrange car du coup, les autres n'ont plus beaucoup de place. Et Statham alors ? Me demandez-vous, anxieux. Eh ben, il a droit à deux bastons plutôt coulos, il conserve quand même son rôle de second complice avec son boss, mais est beaucoup moins présent à l'écran. Et Lundgren, dont le personnage ne saurait souffrir davantage de ridicule, lance, laconique, quelques plaisanteries, un peu fatigué, héritant quand même du pire clown du métrage (oh, la scène où il explique qu'il a un doctorat de je-ne-sais-plus-quoi, quand même !). Heureusement, tout ce petit monde se vanne correctement, au point qu'on a l'impression d'être en colonie de vacances plutôt qu'à la guerre et finalement, on en demandait pas moins !
Mais là, je n'ai parlé que des personnages centraux (enfin, faut avouer qu'à part Stallone, tout le monde a l'air très secondaires), mais les « apparitions » ne sont pas en reste ; il faut avouer que le gros de la publicité insistait sur la présence au casting des légendes de l'actionner et pour la peine, on est bien servi : du Schwarzy, du Willis, du Van Dame, du Norris, tout le monde étant gentiment lâché, en roue libre en permanence. Il y a des scènes de discussion bien burnées où on a l'impression que les comédiens ont oublié la caméra et se font un barbeuc' entre potes. Ça ressemble aux barbeuc' que font les gens normaux, mais ça sent le napalm. Bon, au détail, Schwarzy et Bruce Willis ne se forcent pas trop, jouant plutôt sur le capital sympathie pour leur apparition et d'un autre côté, c'était un peu le deal : ils font un film de copains. Chuck Norris vient lancer quelques Chuck Norris Fact avec sa voix française que je n'ai presque entendu que dans Texas Ranger Walker, ce qui donne un effet à la fois hallucinatoire et hilarant. Jean-Claude est sans doute le seul à chercher un peu son rôle et du coup, on a envie de dire que jouer les méchants lui va plutôt bien, saupoudré d'un peu d'auto-dérision bienvenu, ça donne un personnage plutôt amusant.
Bon, j'ai nuancé beaucoup mon emballement, parce que c'est vraiment chouette quand on a vécu avec ces figures emblématiques du film d'action toute sa jeunesse. Sinon, j'imagine que le film doit être assez épouvantable. Déjà, le scénario est vraiment tiré par les cheveux, avec une incohérence qui m'a un peu gâché le final : pourquoi empêcher le méchant de mettre la main sur une carte si vous savez que le contenu secret de cette carte, il sera obligé de le sortir du pays par son unique aéroport ? Ensuite, les passages larmoyants, qui sont filmés avec une insistance presque malsaine, comme si le réalisateur était au-dessus de votre épaule à vous lancer « mais pleure bon sang, pleure ! ». Impossible de savoir si c'est du second degré ou si c'est sérieux. Je penche pour la première option : Chris Hemworth avoue quand même qu'il a quitté l'armée parce que ces brutes – que dis-je, ces monstres ! - avait TUÉ SON CHIEN ERRANT QU'IL AVAIT ADOPTÉ ! Alors, en caps lock, cette révélation devrait normalement vous arracher des larmes. Si ce n'est pas le cas, c'est que vous êtes un sale violeur d'enfants hémophile. De plus, souvent le film – essentiellement dans sa deuxième partie, je trouve – ressemble plus à un gros amoncellement de sketchs – marrants, quand même – mais reliés un peu à l'arrache par une intrigue dont on ne sait pas trop quoi faire. Résultat, ça donne un rythme assez étrange, qui jongle entre les scènes d'action bien punchy sans grande cohérence.

Au final, faut-il le voir ? OUI (pleure !). Le mieux étant d'aller le voir dans une petite salle de cinéma, entourés – comme se fut le cas pour nous – de gens qui savent ce qu'ils viennent voir, connaissent les films référentiels et vont rire, du coup. Parce que c'est un film de potes, qu'on a envie de rire et de participer à la bonne humeur qui s'en dégage indubitablement.
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le 5 sept. 2012

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