J'aimerais croire qu'il existe des réalités ou des mondes parallèles.


Par exemple, une réalité ou Michael Youn n'aurait jamais arrêté le Morning Live, l'émission de mes années fac qui me faisait hurler de rire et osait tout. Une émission d'enfants terribles et de sales gosses qui n'avaient aucune limite, surtout pas celle du bon goût.


Un monde où Stéphane Rousseau n'aurait jamais vu le jour ou, au moins, serait resté dans son Canada natal et ne serait jamais sorti du néant de l'anonymat.


Une réalité alternative où les acteurs ne seraient pas d'un mauvais à se taper le cul par terre de dépit ou à se rouler tout nu dans la boue puis dans le sable en hurlant à la mort par une nuit de pleine lune.


Un monde où, enfin, je pourrais faire tout plein de choses coquines (mais très très coquines), à Isabelle Funaro.


Mais de toute évidence, les mondes alternatifs n'existent pas. Dans la réalité où je vis, un producteur sans foi ni loi a fait un chèque de treize millions d'euros (Heurk...) à Michael Youn pour qu'il filme ses conneries habillé en bunny girl (Burp... Désolé, j'ai des renvois acides), en jogging aux couleurs qui piquent les yeux, bourré et à poil couvert de tatouages, ou encore affublé d'une cape en peau de bélier (J'ai vomi).


Dans le monde où je vis, Stéphane Rousseau existe, est un comique (...) et a été casté pour jouer la comédie et polluer mon champ visuel de sa tête à claques et de son sourire émail diamant. Son jeu d'acteur voisine dans sa densité celui d'un plat de nouilles tièdes. Par sa seule présence à l'écran, il fait monter ma tension et explore les sommets les plus insoupçonnées de la gradation connue de l'échelle de Richter du dégoût, en atteignant la magnitude 2 297,5.


Dans ce monde, le même Stéphane Rousseau est à la comédie et à l'humour ce que les gargouillis bulleux émanant de gogues bouchés sont à la musique classique. Le reste de la troupe est à son image : ils prouvent toute l'ampleur de leur non jeu sans complexe ni embarras.


C'est un monde où l'on ose les jeux de mots les plus navrants et les tentatives de gags les plus honteuses et embarrassantes, où l'on élève la connerie la plus crasse au rang d'art abstrait et où l'on permet que le mauvais goût le plus lamentable s'étale et se vautre dans la fange.


Cette réalité autorise, dans un même film, l'inanité d'un scénario prétexte à s'ébattre en toute liberté avec les placements de "produits" musicaux les plus insoutenables, aussi agréables que le crissement des ongles sur un tableau noir.


Elle autorise aussi le réalisateur (?) à hésiter dans son esthétique entre le vulgos et l'imbécile des pires clips de rap et une publicité périmée Chavroux brique de chèvre, ou encore à emprunter le bon sens paysan à un téléfilm du terroir France profonde France 3 (Car nos régions ont du talent, c'est bien connu... Enfin, tout est relatif).


Le plus fort, dans le monde où je vis, c'est qu'on a tué la comédie française avec le sourire, à coup d'assauts violents et de viols collectifs répétés (Cyprien, Pas très Normales Activités, Coco, Chouchou, La Beuze, les Taxi, Le Mac, Camping, Jet Set, Pédale Dure... Que des cadors et tous sous mandat d'arrêt international pour assassinat.). Et le pire, c'est qu'avec Fatal, on vient finir le travail, avec un air goguenard, en sortant la dépouille mortelle de son cercueil. Et on sodomise le cadavre. Avec du gravier, du fil barbelé rouillé, de la sauce piquante, des noyaux d'olive et une barre à mine. Plusieurs fois.


Dans ma réalité, ces crimes atroces et répétés ne sont pas poursuivis en justice et leurs auteurs n'écopent pas de la prison à vie.


Si on n'a même plus de respect pour les morts...


Monde de merde.

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le 8 mai 2015

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