Fedora
7.3
Fedora

Film de Billy Wilder (1978)

Je découvre avec stupeur que l'un des plus beaux duos de scénaristes de l'histoire se loupe avec fracas. Des types capables de sortir des trésors d'écriture tel que « La garçonnière », « Certains l'aiment chaud », « Irma la douce » ! Je tombe des nues en voyant un film de Billy Wilder et de I.A.L. Diamond qui est beaucoup trop long ! Ahurissant, non ? Des orfèvres ne trouvant pas la fin ? Nous en racontant trop ? Je suis stupéfait en sortant de la salle.


J'ai d'abord été charmé par cette espèce de remake de « Sunset Boulevard ». Le scénario continue avec cette mélancolie mêlée de nostalgie qui pèse sur les personnages. C'est un vieux cinéma qui se meurt. Et l'âge du capitaine aux manettes n'y est pas pour rien.


C'est émouvant de retrouver aussi William Holden en vieil homme tout ridé. Entre Wilder et Holden, le moment a quelque chose de bouleversant : c'est le dernier chant du cygne. C'est beau car le ton reste enjoué. Malgré le temps qui a passé, Billy Wilder ne peut s'empêcher d'aérer son récit avec son humour décalé, parfois enfantin, un brin moqueur, mais toujours dans le bon tempo et dans le ton approprié, juste ce qu'il faut.


Car je le répète, Fedora est avant tout une fable triste, qui raconte la difficulté pour une star de supporter son image déclinante, incapable d'assumer la réalité car la gloire et le rêve hollywoodien l'ont construite toute entière. Cette sorte d'accaparement se fait au détriment de ceux qui l'entourent.


Cette histoire est très belle et rentrait aisément sur 1h30. Mais parce que le scénario débute sur le suicide de Fedora (rappelant la structure en flash-back de Sunset Boulevard, encore une fois) il a semblé nécessaire aux deux scénaristes d'expliciter le processus qui amène Fedora à son geste ultime. Et pourtant, on s'en fout un peu, car en a déjà tous les éléments, on a compris ! Pas la peine de nous faire un dessin de plus d'une demi-heure. Alors ? Pourquoi ? Parce qu'on a une scène, très émouvante, avec Henry Fonda et qu'on a du mal à la jeter à la poubelle ? De même, la scène où la petite fille rend visite à sa mère et s'en va fâcher, est nettement dispensable. Toute cette dispute n'apporte pas grand-chose à l'histoire et c'est d'autant plus sidérant que Diamond et Wilder ne l'aient pas remarqué ou en aient fait fi. Cela paraît tellement évident.


De fait, en sortant de la salle, malgré Holden, malgré cette Grèce souriante (aussi fraîche que l'Italie d'Avanti), je suis un peu déçu. Décontenancé par ce faux pas criant à mon sens, j'ai la sensation d'avoir raté mon rendez-vous avec Fedora.

Alligator
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le 28 oct. 2013

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