"I wanted to destroy something beautiful".

Un des rares films qui fait mieux que le livre dont il est adapté. Probablement le meilleur David Fincher. La grande force de Fight Club est d'avoir réussi à mettre en avant les raisons pour lesquelles le livre de Chuck Palahniuk a marqué une génération. Un peu comme dans ses autres écrits, mais de façon plus radicale ici, on voit que Palahniuk a une vision pratiquement déconstructiviste de la société.

Autrement dit il identifie tous les "loopholes", les points de contamination de la société. Les trucs qui, si on les pousse à bout, finiront par produire le contraire de ce pour quoi ils ont été mis en place. Fight Club regorge de citations tordues qui mettent la société telle qu'elle se fait en contraste avec la société telle qu'elle se proclame être.

Quand après un crash de voiture Tyler Durden déclare "we just had a near-life experience", comment ne pas voir l'élément de vérité dans une vision de la destruction de soi devenu la valeur essentielle de l'expérience contemporaine ? "Se détruire, c'est se dépasser", lâche-t-il dans un bus.

Tout ce que fait le Fight Club, c'est d'agir comme un révélateur d'une photographie encore non-développée. La société que nous construisons sur le modèle nord-américain mène à l'aseptisation de la force de l'expérience, des émotions, du sentiment d'existence lui-même. Au point que le nier devient la seule forme d'horizon stimulant. Marla ne dit-elle pas vouloir un avortement de Tyler ? La logique qui sous-tend toute cette histoire est celle d'une interrogation sur les fondements du vivre ensemble et de la possibilité d'imaginer un futur valant la peine d'être vécu.

L'ironie abyssale que Tyler Durden impose au monde est une occasion d'entendre cet écho venant de tout en bas, de l'appel d'un homme à retrouver ce qui faisait jadis son humanité.
IIILazarusIII
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleures adaptations de livres au cinéma

Créée

le 10 déc. 2010

Critique lue 1.1K fois

7 j'aime

IIILazarusIII

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

7

D'autres avis sur Fight Club

Fight Club
Gand-Alf
10

Sons of Anarchy.

Qu'une oeuvre aussi folle, aussi inconfortable, aussi ambigüe, aussi inclassable que Fight Club sorte d'un gros studio aussi conservateur que la Fox reste une des blagues les plus brillantes de cette...

le 19 juil. 2015

191 j'aime

24

Fight Club
Velvetman
8

La consommation identitaire

Tout a été déjà dit sur le film de David Fincher. Film culte pour les uns, film générationnel pour d'autres. Critique mercantile de la société de consommation pour certains, film d'homosexuels...

le 28 janv. 2015

154 j'aime

4

Fight Club
Ano
5

Je suis l'ego démesuré de Jack

Beaucoup pensent que ce film n'est qu'un éloge d'une sorte de société altermondialiste nihiliste prônée par le personnage de Brad Pitt; si bien qu'on reproche souvent à Fight Club d'être une repompe...

Par

le 5 févr. 2012

149 j'aime

13

Du même critique

Forrest Gump
IIILazarusIII
9

Pas l'histoire d'un idiot, l'histoire d'un "surhomme".

Forrest Gump est pense-t-on souvent l'histoire d'un idiot, qui est le prétexte à revisiter l'histoire des U.S.A.. Son regard naïf est idéal pour nous permettre de revivre ces moments clés avec une...

le 10 déc. 2010

207 j'aime

16

Wall-E
IIILazarusIII
9

Un poème, un poème.

Mettre 9 à Wall-E ça me fait bizarre, mais quand je clique sur 8 je ressens comme un sentiment d'injustice. Les plus scrupuleux me pardonneront cet accès de générosité. Wall-E, je le vois comme un...

le 17 déc. 2010

102 j'aime

11

Hotline Miami
IIILazarusIII
9

Un délice pour philosophe.

Alors là faut pas déconner. Hotline Miami est énorme. É-no-rmeuh. C'est une expérience intraitable sur la représentation de la violence. Mais attention : bien qu'ils soient délicieux, je ne parle ni...

le 11 janv. 2013

89 j'aime

10