"I wanted to destroy something beautiful".
Un des rares films qui fait mieux que le livre dont il est adapté. Probablement le meilleur David Fincher. La grande force de Fight Club est d'avoir réussi à mettre en avant les raisons pour lesquelles le livre de Chuck Palahniuk a marqué une génération. Un peu comme dans ses autres écrits, mais de façon plus radicale ici, on voit que Palahniuk a une vision pratiquement déconstructiviste de la société.
Autrement dit il identifie tous les "loopholes", les points de contamination de la société. Les trucs qui, si on les pousse à bout, finiront par produire le contraire de ce pour quoi ils ont été mis en place. Fight Club regorge de citations tordues qui mettent la société telle qu'elle se fait en contraste avec la société telle qu'elle se proclame être.
Quand après un crash de voiture Tyler Durden déclare "we just had a near-life experience", comment ne pas voir l'élément de vérité dans une vision de la destruction de soi devenu la valeur essentielle de l'expérience contemporaine ? "Se détruire, c'est se dépasser", lâche-t-il dans un bus.
Tout ce que fait le Fight Club, c'est d'agir comme un révélateur d'une photographie encore non-développée. La société que nous construisons sur le modèle nord-américain mène à l'aseptisation de la force de l'expérience, des émotions, du sentiment d'existence lui-même. Au point que le nier devient la seule forme d'horizon stimulant. Marla ne dit-elle pas vouloir un avortement de Tyler ? La logique qui sous-tend toute cette histoire est celle d'une interrogation sur les fondements du vivre ensemble et de la possibilité d'imaginer un futur valant la peine d'être vécu.
L'ironie abyssale que Tyler Durden impose au monde est une occasion d'entendre cet écho venant de tout en bas, de l'appel d'un homme à retrouver ce qui faisait jadis son humanité.