A la fin du film je suis resté perplexe. Que venais-je exactement de voir?
God Bless America se présente comme une sorte d'expédition punitive de Frank contre la crétinerie américaine...enfin crétinerie tout court. Ça tourne rapidement au shoot'em up décomplexé. Mais...est ce que ça s'arrête là? Je me dis que Bobcat Goldthwait (on dirait un pseudo), dans sa grande intelligence, a certainement voulu nous dire que Frank et Roxy, malgré tout, étaient aussi cons que leurs victimes. En effet ils sont eux même abreuvés de culture "pop" (série, film, musique) et passent leur temps à utiliser leurs armes à feu, mal s'il en est des États-Unis. Et puis qui sont ils pour juger qui doit vivre ou mourir? Mais la limite de cette vision des choses est que d'une part le film ne serait au final qu'une vaste fumisterie car tout s'annulerait. Tout ne serait que du vent et le spectateur deviendrait lui aussi le complice de la société de l'ignorance, de la violence et de la médiocrité. Et, perso, je déteste quand un film m'insulte. D'autre part les scènes de gunfight filmées avec une réelle jouissance et la fin rendue "épique" (finalement les deux "amants" de retrouvent pour mourir en martyrs) prouvent que Goldthwait a juste voulu faire un film bourrin où il règle ses propres frustrations. Un hymne à la vengeance et au règlement de conflit par la violence. D'où mon sentiment de malaise à la fin. Malaise devant cette violence justifiée par une autre violence. Et où l'orgie de balles tirées m'a juste foutu la nausée. A cela s'ajoute le personnage de Roxy qui tient plus du lutin maléfique qu'autre chose. Elle apparait comme par magie. Est fan de l'ultraviolence et veut à tout prix rejoindre Frank en évoquant des motivations totalement délirantes. Elle le retrouve même sans problème dans son motel et sur le plateau de l'émission à la fin (alors qu'elle n'est pas censée savoir que Frank y sera). Et son envie de coucher avec Frank est juste perturbante. Je me suis même demandé un moment si elle n'était pas juste un projection mentale de Frank. Comme Tyler Durden dans Fight Club tellement son personnage a des airs de deus ex machina.
God Bless America est jouissif. Au début. Car au bout d'un moment tout esprit normalement constitué s'interrogera sur le propos du film. Mise en abime de la violence combattue par la violence où le spectateur est le dindon de la farce ou, comme je le crois, vrai film décomplexé d'un réalisateur assouvissant quelques unes de ses frustrations.
God Bless America est juste...dérangeant.