Le complexe de Dieu pour les nu... Pour les misanthropes.

Ce film est dingue.

L'acteur principal tient son rôle d'américain blasé de la société consumériste jusqu'à l'os à la PERFECTION. Pire, il est véritablement touchant dans ses délires, car quel misanthrope ne se reconnait pas dans les raisonnements presque désespérés de ce solitaire consterné par la futilité installée à tous les niveaux de la vie quotidienne?
Qui n'a pas un voisin extrêmement con? Qui n'a jamais eu envie de buter une de ces connasses écervelées à la télé? Qui n'a pas eu envie de ruiner un connard pour ses incivilités gratuites?
Chez ce gars je reconnais un cheminement de pensée quasi quotidien chez moi, chez lui je retrouve une forme de haine latente qui m'envahit parfois, un certain désespoir face à la connerie des masses, des anonymes... Des gens, quoi.
Le gars n'est jamais présenté ni comme un héros, ni comme un salaud, seulement comme le mec normal et au bout du rouleau qu'il est.

L'affection ne pouvait que prendre, la pitié aussi, celle que l'on n'a jamais quand on est comme lui, car personne ne voit cet aspect bien planqué de notre personnalité. C'est ce qui a été le plus fort pour moi, particulièrement au début dans l'enchainement hallucinant mais non moins comique des merdes qui arrivent à ce mec.

La gamine ne sert à rien, si ce n'est à l'humaniser. Car Frank n'est pas un tueur en série, non, c'est un mec qui craque mais reste profondément empreint de ses principes, de ses valeurs, de sa vision de la vie. C'est d'ailleurs pour cela qu'il songe d'abord à mourir.

Il n'est pas fou, il est même tout le contraire. Décidant, à défaut de mourir, de s'approprier pleinement le complexe de Dieu, il part avec Roxy dans un délire hallucinatoire tournant autour de la punition de connards qui nuisent chaque jour à la société, de quelque manière que ce soit, du plus lambda au plus connu.
Oh bien sûr, le choix tient de l'arbitraire le plus absolu. C'est pourquoi tout misanthropes que nous sommes, nous savons tous (j'espère) que le propos de ce film ne peut être que fiction.

God Bless America dépasse pour nous, misanthropes du monde entier, la limite que la très grande majorité d'entre nous ne franchiront jamais. Et c'est ça qui est bon.

J'ai quelques regrets sur la fin, que j'aurais voulue à la hauteur de la première partie du film. Élément plus inutile qu'utile, Roxy parasite le message libérateur qu'offre le film. J'aurais au moins voulu qu'il meure seul mais en digne conquérant de sa libération mentale, face à tous. Là, on nous aurait parlé jusqu'au bout.
Quant au reste du scénario, il fait joyeusement traverser au spectateur des scènes de vindictes plus ou moins délirantes mais préservant soigneusement l'humanité de Frank.

On ne peut pas tout faire mais pour moi c'est déjà bien.

Que ce soit bien clair : il ne s'agit pas d'un film pour psychopathes, ni même et d'aucune manière d'une incitation à une quelconque forme de violence. On se situe ici clairement dans le domaine du fantasme, et quand je dis fantasme je parle de cette pulsion d'une micro seconde qui saisit à l'improviste chacun de nous face à une personne à qui on foutrait volontiers des baffes.
Ce film n'est pas pour les meurtriers, il tient lieu de formidable clin d'oeil à tous ceux qui ont vécu ce court moment dans leur for intérieur. Et il envoie chier tous les intolérants de la Terre, toutes catégories confondues.

Il ne fera sans doute pas l'unanimité mais si vous êtes misanthrope, il ne peut QUE vous parler.
À ciao.
Camiille
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le 14 nov. 2013

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Camiille

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