Both Brightest Day and Darkest Night.
J'avais rarement vu une telle haine contre film avant celle dirigée par les critiques et internautes contre le Green Lantern de Martin Campbell. Un film que j'attendais avec une certaine impatience, dont j'ai suivi attentivement le déroulement, dont la campagne marketing m'a d'abord déprimée, puis redonné espoir, puis déprimé à nouveau. J'ai pris ma place avec appréhension, voulant en finir au plus vite, prèt à sortir de la salle en colère, voire en larmes.
Finalement, j'en suis sorti avec un petit sourire en coin, une joie presque enfantine. Pas évident, si l'on prend en compte les nombreux défauts du film, dont certains sont bien trop importants pour être ignorés.
La première peur de tout fan de GL fut d'apprendre que le costume serait entièrement généré en CGI. Pas étonnant compte tenu des spécificités du personnages, mais les premières vidéos donnaient une impression peu convaincante. Et effectivement, certains plans laissent voir les limites de la techniques, notamment dans le halo foireux qui entoure Hal Jordan lorsqu'il prend son envol, et les quelques plans où sa tête semble malencontreusement photoshopée sur des images de jeux vidéos. Mais dans l'ensemble, le résultat final reste globalement positif. Oa est, de loin, l'une des planètes ficitives les plus intéressantes de l'histoire de la S-F moderne (loin du foutoir couleur crayola qu'était Pandora), ses habitants sont "réalistes" dans la mesure du possible - à l'exception des Gardiens, qui globalement ne ressemblent à rien -, et Parallax, le big bad, se voit offrir quelques money-shots réellement impressionants, surtout en 3D.
Mais bon, les CGI ne font pas tout dans un film, sauf si ledit film a été dirigé par Bay (pour le pire) ou Cameron. (pour le ... euh ... nevermind). Scénaristiquement, ce film est une origin story somme toute conventionnelle. Mec reçoit power, mec kiffe, mec doute, mec confronte ses doutes, mec triomphe. A cela s'ajoute quelques moments qui vous feront croire que vous vous êtes assoupi quelques secondes et avez raté une scène, ou quelque chose; à ce sujet, j'ai tendence à penser que les restrictions du studio sont autant à plaindre que les (nombreux) scénaristes. Lesquels scénaristes ont toutefois sur créer des personnages solides et intéressants, bien que sous-développés, l'un des meilleurs prologues que j'ai pu voir dans un film de S-F, ainsi qu'une habile et amusante déconstruction des codes habituellement présents dans les films de super-héros - donnant d'ailleurs lieu à l'une des rares scènes où Blake Lively se révèle réellement convaincante.
Puisqu'on parle de ça, passons rapidement les acteurs en revue. Ryan Reynolds joue Van Wilder flic de l'espace. Blake Lively joue Serena Van Der Woodsen pilote de chasse (what?). Soit. Ca se prète à leurs personnages. Face à eux, Mark Strong et Peter Sarsgaard, eux, font de la démonstration. Même si leur screentime cumulé ne dépasse sans doute pas le quart d'heure, CHAQUE apparition de l'un de ces deux acteurs est un plaisir absolu, décuplé par l'habilité avec laquelle chacun parvient à tirer parti de ses prothèses, de son environnement. Derrière eux, Basset, Robbins & co' font solidement leur boulot, et Michael Clarke Duncan parvient à jouer le Token Black Guy sans être présent à l'écran. Respect.
Plus globalement, la direction de Martin Campbell est, au mieux, anecdotique. Malgré cela, l'équipe de talent agissant derrière la caméra fait sentir sa présence, qu'il s'agisse de l'habileté de Dion Beebe à filmer les scènes d'actions (comme si Collateral, Equilibrium et un Oscar permettaient d'en douter); Stuart Baird alterne quelques passages à vide (Hal vs. Parallax sur Terre) et moments de grande qualité (Hal vs. Sinestro et Kilowog sur Oa); Grant Major et Ngila Dickson, venus tout droit de Weta Workshop, font des merveilles de design et d'habillage des personnages. Et la musique de James Newton Howard est, comme souvent, de circonstance, sans être réellement mémorable.
Dans l'ensemble, Green Lantern est un film souffrant de sérieux défauts, difficilement pardonnables et sur lesquels il est extrêment facile de se focaliser. Toutefois, ces défauts ne constituent qu'une part minime du film, le reste étant d'une facture plus que correcte, compte tenu du propos. Sans être le foutage de gueule global qu'était Iron Man 2, ce film est trop inégal pour arriver à la hauteur d'Iron Man premier du nom, et modèle du genre (je n'inclus volontairement pas les Batmans de Nolan, ni Watchmen dans ledit "genre"). Sans être réellement bon, Green Lantern n'est pas la catastrophe annoncée, et mérite sérieusement d'avoir sa chance.