Gummo
7.3
Gummo

Film de Harmony Korine (1997)

Avec ‘Spring Breaker’, Harmony Korine avait pris à contre-pied les attentes des spectateurs qui avaient été attiré par la bande-annonce. Mais au regard du reste de sa filmographie, il ne pouvait en être autrement. ‘Gummo’ est son premier long-métrage, et il est clair que le cinéaste ne cherche pas à plaire au grand public.

L’œuvre se présente comme une palette de cas sociaux sans avenir dans une ville anciennement ravagée par un cyclone, et l’ensemble transpire la déchéance. A l’image de la ville saccagée par le cyclone et la pauvreté, le montage semble avoir été fait à partir de bric et de broc. Plans secoués et semblants d’interview alternent avec les scènes traditionnelles, tandis que la bande-originale se compose de bande sonores sombres et de morceaux de metal, parfois interrompus par une voix-off angoissante. Le résultat n’est pas plaisant, mais nous plonge dans un univers particulièrement trash.

Le sujet du film n’est finalement pas si éloigné du bayou présenté dans ‘The Beast of the Southern Wild’, mais l’espoir n’a aucune place dans la vision de Harmony Korine. Sa fascination pour la saleté, matérielle et psychologique, rejoint celle du groupe Die Antwoord (avec lequel il travaillera par la suite). Le pic de dégoût est atteint pour la scène de la baignoire, spécialement réussie. On retiendra encore le meurtre de la mamie, affreusement immoral et pourtant si banal.

Pour autant, l’expérience la plus douloureuse reste celle des personnages mis en scène. La misère et le manque d’avenir des jeunes est tel qu’on doute parfois de la crédibilité des individus. On se pose d’autant plus la question que la proportion de déchets humains est vraiment considérable. Pourtant, les portraits pris séparément sont tout à fait puissants. La palme revient à Solomon. La flamme d’humanité en lui et son physique atypique lui attire évidemment les faveurs du spectateur, qui reste impuissant face à un entourage détruit dont il est la victime.

En revanche, certaines intentions du réalisateur restent floues à la fin du film. Comment interpréter l’énigmatique personnage de Bunny Boy ? Quant au traitement particulier qui est administré aux chats, était-il nécessaire d’en faire autant ?

Dispensable, ‘Gummo’ offre à la misère absolue son portrait le plus trash.
Kroakkroqgar
4
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le 24 nov. 2013

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Kroakkroqgar

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