Le changement de l'enfance à l'adulte, c'est maintenant.
Il m'a fallu 4 ans et une second visionnage (à la télé récemment) pour réévaluer complétement cet Harry Potter qui m'avait laissé un gros arrière-goût de déception à l'époque lors de la sortie de salle. Normal, la plupart des trailers envoyaient du lourd avec des séquences de la seconde partie, bien plus épique. Quant on n'a pas lu le livre, on estime forcément qu'il ne se passe pas grand-chose dans ce film et pourtant... Après la fin de cette seconde session, "tu es complètement passé à coté du film" n'a pas arrêté de raisonner dans ma tronche. J'attrape donc mon clavier avec un avis tout neuf et surtout un gros ajustement de la note que je change en 9, contre 6! Oui, trois points de plus. /!\ Attention, quelques Spoilers dans les prochaines lignes. /!\
Je me souvenais d'une chose: ce film est sombre, très sombre mais il m'a fallu le regarder une seconde fois pour me rendre compte vraiment à quel point la transition avec le tout premier film de 2001 est énorme. Dès le début, le ton est donné: Hermione Granger efface son existence de la mémoire de ses parents. Elle et ses deux comparses sont seuls face aux ténèbres, comme des adultes: plus de mentors pour leur torcher les fesses, plus de Poudlard et ses remparts sécurisants... Seule l'amitié fait office de réconfort dans ce long isolement froid, amitié fragile mise elle aussi à rude épreuve. Lorsque Ron Weasley craque sous l'emprise de l'Horcruxe et abandonne ses amis dans leur quête, le fatalisme se fait plus oppressant pour le tandem Harry/Hermione. Une scène de danse sous la tente pour ramener un soupçon d'insouciance ou la chaleur de l'enfance mais non, rien n'y fait. Ils passeront leurs fêtes de Noël ensemble, plus seuls que jamais et dans un cimetière, devant la tombe des géniteurs du petit sorcier. Pire, la scène la plus glauque du film (le guet-apen de Nagini, une vraie horreur cette séquence) choisit ce moment-là pour exploser à la gueule du petit couple. Et si l'espoir semble revenir par la suite (magnifique film d'animation sur les 3 reliques de la mort), toute la séquence finale de la captivité (un Harry rendu moche et difforme, les cris stridents d'une Hermione torturée jusqu'aux sangs) rappelle aux jeunes héros que la réalité adulte est habitée par les ténèbres et non la lumière. Jusqu'au bout, le meurtre brutal d'une créature enjouée et familière de la série confirme le mot d'ordre de ce film ô combien noir et pessimiste: l'enfance c'est terminé, le gris a remplacé le blanc, le noir a effacé le bleu et la seule protection que peuvent attendre ces nouveaux adultes dans le royaume du cynisme, de la manipulation et du mensonge, c'est eux-même.
D'un des épisodes les plus faibles, ce second visionnage me fait considérer ce 7e film comme le meilleur (avec la chambre des secrets), le plus mature, le plus réaliste, le plus crépusculaire au point de croire qu'un Michael Mann ou Christophe Nolan soit derrière la camera. Non, c'est toujours Yates, réalisateur d'un Ordre du Phoenix et d'un Prince du sang-mélé juste honnêtes et très controversés.
Lorsque le générique de fin défile, je me redis: "Oui décidément, il y a 4 ans tu n'as pas su apprécier à sa juste valeur ce véritable hymne de l'innoncence anéantie...". Une erreur d'appréciation de 4 ans que je répare ce soir.