Pour ce film, Spielberg a eu la bonne idée de rependre l’histoire de Peter Pan, mais pas telle quelle. Le Peter de Hook est un père de famille et un avocat, qui fait souvent passer son boulot avant ses proches ou le divertissement. Je trouve ça audacieux, car quand Hook est sorti, le public s’est vu promettre un film avec Peter Pan, et se retrouve avec un drame familial où le seul personnage nommé Peter est cet homme d’affaires… les gens ont dû se demander ce qu’il se passait.
Mais je trouve ça brillant, cette place nouvelle qu’ont les personnages créés par James Matthew Barrie, et le lien qui est établi peu à peu avec l’histoire originale.
On découvre assez tard, et en même temps que le héros, qu’il est le véritable Peter Pan, qui a décidé de quitter Neverland.
Wendy n’est plus une enfant, c’est une vieille dame, qui s’est occupé d’orphelins toute sa vie, et qui a visiblement le cœur brisé en voyant Peter tel qu’il est maintenant, un adulte qui engueule ses enfants qui empiètent sur ses responsabilités.
L’ironie veut que Peter dise à son fils de grandir, et à plusieurs reprises, il l’empêche de s’amuser, au nom de la bienséance ou de la sécurité.
Peter va plus tard être obligé de retourner à Neverland et, par nécessité, va devoir renouer avec l’enfant qu’il était. La première étape vers ce retour aux sources se produit sans que lui ou le spectateur ne le remarque forcément, c’est lorsqu’il doit se déguiser. Un acte qui a une fonction, puisqu’il est question de s’introduire dans les rangs de Crochet, mais qui marque le premier pas vers ce retour à l’enfance.
Peter se prend au jeu, il s’en amuse déjà quand il reproduit la gestuelle et la voix d’un pirate. Or l’amusement et l’imagination, ce sont deux composants essentiels de l’enfance. Et le héros franchit une étape supplémentaire lors de cette séquence du repas, qui concrétise visuellement la ré-acquisition de son imagination par Peter, une idée que j’ai trouvée absolument magnifique.


L’humour a été très efficace sur moi aussi, même pour des gags assez simples, voire enfantins. Je me suis laissé porter, car le film a, dès le début, un aspect enchanteur…
Et une fois à Neverland, le simple fait de voir les comportements des gamins m’a fait retomber en enfance ; des comportements de gamins qui donnent aussi bien des scènes drôles que touchantes (le passage où cet enfant reconnaît Peter).
Revoir certaines scènes, certains personnages, m’a fait de l’effet, comme s’il s’agissait de retrouvailles pour moi ; une sensation très proche de celle qu’essaye de véhiculer Spielberg dans tout le film en fait, il est question de nous émerveiller comme un enfant, à l’aide de décors et costumes magnifiques qui surpassent n’importe quel délire de gosse, d’une mise en scène soignée, et d’une BO envoûtante.
Avant même qu’on ne quitte le monde réel, il y a cette musique très évocatrice, donnant un avant-goût de magie et d’aventure. Il y a cette scène dans la chambre des enfants où Peter voit ces fresques représentant Crochet et son navire, auxquelles les compositions de John Williams donnent vie… et comme Peter, ça m’a donné des frissons.
En entendant cette musique et ce qu’elle évoque, en me remémorant des passages du film, très tôt j’ai pensé que j’allais fondre en larmes d’ici la fin (en fait, non). En grande partie parce que le thème central de Hook me touche particulièrement, c’est le même qui m’avait fait pleurer devant Vice-versa : le fait de grandir, la perte de l’innocence, …
Si ce n’est que dans Hook, je trouve ça amené de façon plus intelligente encore, puisque le propos est présenté comme la finalité de Vice-versa, tandis qu’on pourrait prendre le film de Spielberg comme un simple divertissement.


La façon dont Hook finit par présenter des avantages à la vie adulte est tout aussi brillant, puisque ça a une fonction dans l’évolution de Peter, et un lien avec l’intrigue secondaire (celle avec Crochet).
Je voyais Neverland comme un lieu où la guerre n’est qu’un jeu, où l'on ne perçoit pas de réel danger, donc je m’étais demandé quels enjeux il pourrait y avoir. L’enjeu pour Peter finalement, c’est de récupérer ce qui donne de la valeur à sa vie d’adulte : ses enfants. Et d’ailleurs, on peut voir dans ce sens que le héros a donné à son existence une façon de transmettre ce bien qu’il chérissait et tenait à conserver : la magie de l’enfance.
Hook est à la fois une suite, une ré-invention et une analyse de l’histoire originale de Peter Pan, dans laquelle il y a une analogie entre les adultes et les méchants pirates, dont le chef a peur des montres et horloges… qui représentent le crocodile qui lui a mangé la main, mais aussi le temps qui passe.
A ceux qui regrettent de ne plus être un enfant et qui craignent de vieillir, le film offre une solution en la personne de Peter, cet être hybride. Un adulte qui a accepté le passage du temps, et qui garde en mémoire l’enfant qu’il était.


Je n’ai jamais été fan de Spielberg, mais je comprends très bien qu’on puisse le qualifier de génie.
Hook est une merveille. Il y a des séquences où j’étais réellement en admiration, devant ce mélange très bien dosé de divertissement et de propos intelligent.
Le film a plus de 20 ans, mais je pense que c’est une œuvre que les enfants devraient encore regarder aujourd’hui.
J’ai l’impression malheureusement que c’est un long-métrage qui ne pourrait pas se faire aujourd’hui : on prétexterait probablement que c’est trop long, pas correct pour des enfants, …
Je suis un peu triste en repensant à ces gosses, que j’ai croisé plus tôt dans la journée au cinéma, et qui demandaient à voir Ant-man. Hook a 10 fois plus d’âme et de fond qu’on n’en verra dans une production Marvel ou tout autre produit formaté de ce genre.


http://www.mediumscreen.com/2015/08/critique-hook-de-steven-spielberg.html

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le 5 août 2015

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Wykydtron IV

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