Survivre à Koh-Lanta : la recette pour les Nuls

Prenez une production à 80 millions de dollars, un livre à succès, un bon coup de buzz, une espèce d'hybride entre contre-utopie et relents fantasy

Faites bouillir un peu de survival qui fait fureur à un moment où les zombies, plus que jamais, sont présents dans l'univers culturel. Sans oublier d'emprunter à "Battle Royale", bien sûr, mais aussi à Stephen King ("Marche ou crève"), et pourquoi pas à "Sucker Punch" (autre foirage) mais en édulcorant tout parti pris visuel (que le film de Snyder avait, on peut lui reconnaître ça...), en lissant le tout et en gommant toute psychologie du personnage (le roman de King). N'omettez pas les références culturelles antiques à propos de rite initiatique à base de survie en milieu hostile (avec son lot de situations WTF et ses incohérences), en la plaçant donc dans un monde pseudo-futuriste où la télé-réalité et le commerce de son personnage est poussé à fond (sponsors), mais où les gamins doivent se battre à l'arme blanche, créer des alliances, les trahir, se montrer aussi inhumains que possible (mais pas l'héroïne, ah ça non !), mais sans trop en faire non plus, ça choquerait trop.

Ajoutez-y un soupçon de critique d'un système poussé à son extrême et le rejet d'une société pseudo-élitiste qui opprime les plus faibles, mais c'est eux qui vont leur montrer les valeurs à défendre pour rétablir une harmonie et une justice dans un monde Caliméro. Bien sûr, lors de cette phase, n'y allez pas mollo, non, soyez aussi subtils que le mammouth tâchant de curer le nez d'un de ses congénères à l'aide de ses défenses. A gros sabots, au cas où ça ne soit pas compris par un public trop con, ou que la finesse du discours rende l'ensemble trop tendancieux et soit critiqué par les milieux puritains comme non une critique de ce que le système pourrait donner mais une de ce qu'il est réellement.

Faites revenir quelques acteurs, pas non plus des stars, faut que ça garde une teinte pas trop hollywoodienne. Ajoutez-y Lenny Kravitz, pour les spectateurs mélomanes. Mettez au four. Demandez-leur d'interpréter leur personnage en surjouant à mort les émotions et le pathos, en leur expliquant que de toute façon, vu la profondeur du truc, c'est pas ici qu'ils vont se révéler.

Rajoutez-en une couche en faisant gratiner une mise en scène lisse, sans aucune audace, avec des mouvements de caméra venus d'un autre temps, mais d'un temps où on a oublié toute esthétique ou tout engagement, alternant plans fixes un peu niais histoire de, et trucs à fond la caisse donnant la nausée et mal montés.

Assaisonnez l'ensemble avec une bande-son adaptée à l'ensemble, qui ne fait que renforcer le sentiment un peu poussif de l'ensemble, too much, surjoué, appuyant trop là où un peu de finesse aurait été la bienvenue.



Temps de préparation : une heure, très longue, qui essaie de mettre les choses en place mais ne fait qu'ennuyer.

Temps de cuisson : une heure et demi, pendant laquelle vous ne vous ennuyez pas vraiment, mais où vous vous demandez un peu ce que vous faites là quand vous pourriez avoir préparé, en moins longtemps, un bien meilleur plat.



Retour des invités : un sentiment un peu amusant, on a l'impression d'avoir déjà vu ça avec "Twilight" (en plus accentué quand même), où le public adhère (succès au box-office). Il est alors de bon ton de se démarquer de la masse en disant que CDLM (avec arguments qui tiennent ou non la route). Mais du coup, face à ce comportement qui se veut anti-conformiste mais qui l'est finalement, l'anti-conformisme semble être de dire qu'en fait ce n'est pas si mal, pour plein de raisons que les "pseudo-anti-conformistes" n'ont pas su voir, trop occupés qu'ils étaient dans leur position de hater. C'est le côté sombre de l'expérience sociale, on ne juge plus un objet uniquement pour ce qu'il est, mais bien par rapport à la façon dont les autres le juge (en partie, en tout cas).

Créée

le 4 juin 2013

Modifiée

le 4 juin 2013

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Flavien M

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