Confronter les convictions scientifiques aux croyances religieuses est toujours une entreprise délicate. C'est pourtant ce que Mike Cahill s'emploie à faire avec I Origins, son son long métrage indépendant.


Malheureusement le bougre ne se mouille pas. Soucieux de ne pas froisser les égos, il ménage la chèvre et le chou et donnera du grain à moudre aux deux camps en noyant cette thématique sensible dans une histoire d'amour aussi touchante que dramatique. Car oui, sous couvert du débat opposant la religion à la science, I Origins vaut avant tout pour son ambiance à la fois mélancolique et cotonneuse.


Professeur en biologie moléculaire spécialisé dans les propriétés évolutives de l'oeil, Ian Gray est un homme de sciences convaincu que l'évolution peut être étudiée, assimilée et transfigurée. Mais ses convictions les plus intimes vont être ébranlées lorsqu'il réalise que les iris de son enfant sont identiques à ceux d'un homme décédé, de son grand amour mais également d'une gamine vivant en Inde. Et c'est malheureusement là que le bât blesse.


La partie science fiction liée aux yeux et à leurs propriétés est plus que maladroite; elle est ratée. Non seulement elle se greffe difficilement sur la trame romantique, mais a fortiori elle semble se bâtir ex nihilo pour mieux détruire le fragile équilibre de l'opposition spirituel/science qui donnait du sens à la relation amoureuse de Ian. D'autant que comme je l'écrivais au début de ce billet, Mike Cahill ne cherche pas la polémique et de facto accouche d'un propos aseptisé et bien trop gentillet.


Pour ma part j'ai non seulement eu l'impression d'avoir été pris pour une truffe mais j'ai en plus eu le sentiment que le film venait de se saboter. Si la partie SF reprend les codes qui ont permis d'insuffler à la romance du début une ambiance si particulière à coups de plans rapprochés, de mouvements lancinants et de musiques fleurant bon la mélancolie, la magie des images semble s'estomper pour ne laisser qu'une aura de gâchis et de recyclage. Frustrant.


I Origins m'a déçu. Mike Cahill avait pourtant réussi à m'embarquer dans son film avec l'histoire d'amour de ce scientifique borné et de cette rêveuse de spiritualiste mais en refusant d'aller au bout de ses idées il me laisse sur le bas-côté de la route avec un amer gout d'inachevé en bouche. Pire, le concept SF qui était pourtant original sur le papier apparaît au final comme étant boursoufflé et incohérent. Bref c'est franchement dommage car avec des acteurs convaincants, un concept SF sympatoche, une ambiance envoutante et de jolies musiques, il y avait matière à offrir un divertissement d'un tout autre standing.

MarlBourreau
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le 26 janv. 2016

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MarlBourreau

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