La principale qualité de Ida est sa plastique remarquable, sa photographie en nuances de gris, noir et blanc, ses portraits. Ensuite sa narration, de type bressonnien. On pense également à Ozu. Dans la Pologne des 60s, une jeune religieuse part à la recontre de sa tante avant de prononcer ses vœux. Wanda, procureure, anciennement stalinienne, dernier membre de sa famille, lui apprend qu'elle est juive. Les deux femmes se lancent dans une (en)quête sur les traces des parents de Ia future sœur Anna.
Ida est le fantôme de ce film, toujours engloutie, dans l'ombre ou dans les pas de quelqu'un ou quelque chose. C'est un petit personnage cherchant à élucider son identité, tout en s'appliquant à rester impassible, quitte à l'inertie mortifère. Une passagère passive de l'existence, qui refuse la douleur ; et toute stimulation, ce qui bien sûr va évoluer au fil de son périple.
Pawel Pawlikowski avance des idées généralement courtes, mais traduites dans un bel écrin, avec efficacité et précision. Au risque de sonner creux parfois. Pour certains ce serait l'âme du peuple polonais transfigurée ; aux concernés de confirmer ou pas. Néanmoins a priori ce n'est pas un Mariage de Maria Braun polonais. On dirait plutôt un poème, surtout visuel, sur une jeune fille schizoïde cherchant des points d'ancrages dans une réalité qui la méprise.
https://zogarok.wordpress.com/2014/04/30/sorties-du-moment-2014-2/