J'ai toujours adoré ce film, depuis ma plus tendre enfance.


Mais après cette nouvelle vision, ça va au-delà!


Cette fois-ci, je l'ai regardé d'un œil neuf.


Non, non... Je l'ai admiré!


Je me suis focalisé réellement sur la splendeur visuelle de ce film. Leone est un peintre au trait très précis.
Pour preuve, ses cadrages sont parfaits, symétriques et flamboyants.
De plus, ses décors naturels situés entre l'Espagne et l'Ouest des USA (Arizona et Utah) ne semblent faire parti que d'un seul et unique lieu. La composition des fameuses sierras ocres, contraste magnifiquement avec les cieux toujours encombrés de nuages, projetant des ombres splendides qui donnent un relief admirable.
Relief...
A l'ère de la 3D censée donner de la profondeur visuelle aux films actuels, le film de Leone prouve magnifiquement que tout n'est question que de composition du cadre (par exemple, lors du travelling latéral lorsque Frank rejoint le train de Morton, les plans se découpent en trois parties:
- à l'avant-plan, nous voyons les chevaux sur le sol,
- le deuxième plan nous laisse voir les corps des hommes morts sur un dénivelé en hauteur,
- puis vient le troisième plan avec les wagons qui occupent le fond de l'image.


Ce qui nous donne une "3D" naturelle, avec une profondeur d'image tangible et réelle!


La mise en scène fantastique de Leone ne s'arrête pas là...


Il y a aussi une certaine musicalité:


Le trio de "cache-poussières " de l'ouverture, n'ont besoin d'aucun dialogue pour exister.
Jack Elam et son regard "malade" (suite à un accident dans sa jeunesse) suivant une mouche dans son vol aléatoire puis tentant de la déloger de sa lèvre inférieure. Il parviendra à la capturer avec le canon de son révolver, pour se créer une "boite à musique" relaxante.
Woody Strode va lui aussi composer "sa" musique adoucissante. Le goutte à goutte du réservoir d'eau sur son crâne , ne sonne pas comme il le voudrait. Mauvaise sonorité. Une fois son chapeau mis, le "ploc" est enfin mélodieux à ses oreilles.
Quant à Al Mulock, il préfèrera un air plus "brut" et se façonnera sa propre mélodie en faisant craquer ses doigts...
Le tout sera accompagné par les "cris" rouillés de l'éolienne.


Puis une musique stridente va briser ce concerto pour musique individuelle: l'arrivée du train et le grincement de ses freins.


Les trois "cache-poussières" observent et attendent.
"Il" n'est pas là.
Le train relance sa cacophonie puis lorsque celle-ci meurt peu à peu, une nouvelle mélodie se fait entendre...
Un air d'harmonica.
Lancinant...
Mélancolique...
Dramatique...


Les "cache-poussières" se figent.


L'homme sans nom apparait alors, après que le dernier wagon fut sorti du cadre.


Dialogue minimum, efficacité maximum:


Harmonica:
"Où-est Frank?"


Snaky:
"Frank nous a envoyés à ta rencontre."


Harmonica:
"Vous avez un ch'val pour moi?"


Snaky (en ricanant):


"Eh ben question ch'vaux, on est un peu juste...On s'excuse !."


Harmonica (en secouant la tête négativement):
"J'en vois deux qui sont à personne !..."


Bang, bang, bang.
Il a raison.!
Il y a bien deux chevaux en trop...


Et ce n'est que le début de cet opéra flamboyant...


Les acteurs sont magnifiques:
-Bronson et son regard incroyable (toujours fixé sur son objectif, même en mouvement, par ex la scène lorsqu'il toise Frank à la fin) en homme avare de paroles,
-Henry Fonda et son arrogance glaciale,
-Jason Robards et son romantisme d'un autre temps
-et la sublime Claudia Cardinale...Elle est sublime et forte, voilà!


Quant à la partition de Morricone, disons le clairement, elle est mythique ! Les quatre personnages principaux ont leur propres thèmes et se mêlent parfois, pour illustrer les scènes présentées à l'image.


N'oublions pas le choc de deux mondes distincts: celui antique, du vieil Ouest, où chacun se doit de s'affirmer pour rester en vie et celui du nouveau, où l'individu s'efface au profit de la collectivité et du modernisme.


Harmonica, Frank et Cheyenne font partie d'une époque révolue et ils en sont pleinement conscient. Jill MacBain est la seule qui s'adapte à ce changement majeur, période charnière difficile à attraper au vol.


A noter que Clint Eastwood,James Coburn, Robert Ryan et Robert Hossein furent approchés pour jouer dans le film, au stade de la pré-production.


Bref, en un mot comme en cent, C'era Una Volta Il West est un chef-d’œuvre intemporel, fort justement sélectionné en 2009 pour être inscrit au National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès Américain (dans le pays où le film fut un bide en son temps) en tant que "film culturellement, historiquement ou esthétiquement significatif."


Well, juste pour le fun, ce petit dialogue génial.
Il prend place dans le boui-boui tenu par Lionel Stander, après qu'Harmonica ait demandé à Cheyenne de récupérer son arme. Harmonica attrape la gabardine d'un gars de Cheyenne et l'observe un petit moment:


Cheyenne:
"Tu t'intéresses au dernier modèle de la mode masculine ?"


Harmonica:
" J'ai vu trois d'ces cache-poussières tout à l'heure. Ils attendaient un train....


Cheyenne:
"???"


Harmonica:
" Y avait trois hommes à l'intérieur des cache-poussières.."


Cheyenne (ne sachant pas où son interlocuteur veut en venir):
"Alors..?"


Harmonica (entre deux gorgées d'eau):
"À l'intérieur des hommes, y'avait trois balles..."

Franck_Plissken
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le 23 mai 2016

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The Lizard King

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