Renonçer délibérément au bonheur
Il semble qu’il y ait deux façons de faire les mauvais choix. Soit en étant persuadé que ce sont les bons, soit en sachant qu’ils sont mauvais, mais que l’on finira pas l’oublier.
Dans le premier cas, prendre conscience que l’on s’est trompé est bien-sûr difficile, car l’on réalise que l’on a vécu dans l’illusion et la méprise. Ce qui était noir devient blanc, et ce qui était blanc devient noir. Les personnes que l’on voulait éviter deviennent celles dont on ne peut plus se passer, et celles que l’on croyait bonnes pour nous ne sont finalement là que pour nous faire du mal. Mais l’erreur est humaine, et cette prise de conscience peut être considérée comme une chance de modifier le cours de sa vie.
Dans le second cas, il n’y a pas de remise en question, car l’on sait depuis toujours que les choix que l’on a fait étaient les mauvais. Il ne s’agit pas d’une erreur, mais d’un sabotage qui, comme tout délit, doit par nature être puni. On ne sait jamais vraiment quand, peut-être six mois, peut-être vingt ans après, mais tout se paye. On décide de bâtir un empire de mensonges, d’abnégations et de renoncements sur les ruines de nos rêves, de nos désirs et de nos envies. En toute conscience. Et plus les années passent, plus le château de cartes aux fondations pourrissantes est élevé, et d’autant plus impossible à reconstruire une fois qu’il s’est écroulé. Tout ce qu’il reste, c’est l’impuissance et la paralysie de se trouver, enfin, face aux conséquences de ses mauvais choix, et à l’obligation de se dire : "je le savais".