J'ai ri une fois au cours de la séance: lorsqu'à la fin, je me suis rappelé que ce film était le Grand Prix du festival du Cannes.
Certes pas grand, ce film n'a pas tout d'un petit. À vrai dire, ce film n'a pas grand chose.
Si je cherche bien, l'élément le plus amusant et le plus touchant du film est le chat. Celui qui accompagne le looser qui tient le rôle principal, où un autre que rencontre un pare-choc. Oui, un chat, le truc le plus commun du monde; et, dans une salle de cinéma, le truc le plus facile.
Un autre élément qui, j'imagine, est censé divertir, c'est l'apparition de John Goodman. Quelle ne fut pas ma surprise quand je constate avec affliction que, comme dans The Big Lebowski, il incarne un dégénéré incapable d'aligner une phrase ne contenant pas le mot "fucking". On arrive presque à un personnage encore moins subtile que celui de The Big Lebowski, qui est pour le coup joue dans une cour totalement différente -- 100% humour.
Maintenant, il y a certaines facettes de Inside Llewyn Davis qui sont dignes d'intérêt, notamment la mélancolie émanant de cette vie d'artiste désabusé, qui "fait de musique pour vivre" au milieu des années 60. J'ai poursuivi les péripéties de cette tête de mule avec suffisamment d'intérêt pour ne pas quitter la salle. Après tout, on y croise de bons voir très bons acteurs n'incarnant pas toujours un personnage absurde ou caricatural, comme Justin Timberlake (qui pousse la chansonnette), Carey Mulligan ou Oscar Isaac. On est porté par les sonorités country tantôt touchantes tantôt ridicules (ce qui n'est pas forcément un problème) de Llewyn.
Cette musique et son histoire sont au cœur du film et de son principal protagoniste, mais tout est soit si peu développé soit, d'une scène à l'autre, si grossièrement caricaturé (comme en atteste la scène où Llewyn rencontre des musiciens bourgeois) qu'on a vraiment du mal à en tirer quelconque enseignement.
Puis il y a cette première et cette dernière scène (les deux mêmes) qui arrive assez magistralement à surjouer le peu d'intrigue du film, qui, sans cela, aurait pris une valeur plus authentique.
En fait, la reconstruction historique est de bonne facture, mais uniquement esthétiquement. Il reste une certaine beauté, notamment au niveau des lumières et de quelques plans, qui donne un cachet au film.

Au final, c'est donc une petite aventure personnelle qui me reste en tête, non mal interprété par son principal acteur, dont je préfère néanmoins détacher la plupart du contexte et des spécificités. Certes, il ne reste plus grand chose, mais peut-être tout juste assez pour quelques occasions.
bardada
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le 7 nov. 2013

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le 7 nov. 2013

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