Into the Abyss par Teklow13
Dans le film, il y a certes ce fameux outil théorique, représentatif du travail d’Herzog : le reflet du cinéaste dans la vitre de séparation avec Perry. Mais il y a aussi cette phrase qui débute son entretien, « je n’ai aucune sympathie pour vous, mais je vous considère comme un être humain » ou quelque chose comme ça. Le film est à l’image de ça. Il y a la barrière, et le reflet. Les deux se superposent mais laisse Herzog un peu extérieur à ce qu’il filme. Il y a un côté froid, figé, méthodique, à filmer une parole et des corps, sans que Herzog ne fasse véritablement corps avec ce qu’il filme et à pénétrer. Une approche plus proche de Depardon par exemple. Contrairement à d’habitude, je trouve qu’Herzog est un peu resté en surface, ou en tout cas n’est pas allé assez loin dans son exploration de l’âme humaine, de la violence, et de la folie. Peu importe les faits, les événements retranscrits en fonction des différents intervenants (qui apparaissent confus au bout du compte) ce n’est pas ce qui l’intéresse, il filme des corps en des champs-contrechamps, et espère qu’à travers la parole, quelque chose se passe. Ca se passe parfois, lorsqu’il filme le père en prison déphasé , un bourreau reconverti ou un prêtre s’effondrer en parlant d’écureuil, mais ça ne se passe pas tout le temps. Malgré tout c’est un document humain très intéressant, sur le travail d’Herzog et sur le dérèglement d’une société face à la folie et la violence qu’elle développe et qui la ronge et dont la peine de mort n’est qu’une infime particule.