Il m’était impossible de faire une première chronique sur un autre film que celui-ci : « Into the Wild ». Et je vous préviens d’emblée qu’il me sera difficile d’être mesuré et objectif tant ce film m’est « essentiel ».

Beaucoup connaissaient le Sean Penn acteur, au jeu jubilatoire et à fleur de peau, mais bien moins ses talents de réalisateur. On les avait furtivement aperçu dans « The Pledge » (polar efficace avec Jack Nicholson), mais Sean courait toujours après son film totem. Ce genre de film qui vous fait dire qu’il y a eu un « avant » et un « après » dans votre carrière.
Pas étonnant quand on connaît le personnage de voir sortir en 2007 dans les salles un film sobrement intitulé « Into the Wild » (l’aspect sauvage de l’Homme, n’était ce pas ce qu’il avait toujours voulu exprimer dans ses rôles ?).

Ainsi, on se plonge sans a priori dans ce film qui démarre sur une situation peu originale dans le cinéma américain. Le coup de l’étudiant qui en a plein le cul et qui décide de tout plaquer. Comme souvent, on tombe sur un road-movie où un héros en mal de sensations fortes parcoure la moitié du pays pour se rendre compte que chez lui finalement c’était pas si mal. Le genre de chemin initiatique métaphore de l’entrée dans l’âge adulte quoi.

Ok c’est bien beau tout ça ? Mais quel intérêt de voir un film dont le scénario pourrait très bien être vu un après midi sur M6. Le genre de téléfilm avec des acteurs de sitcom où tout le monde pleure pour un rien du début à la fin !
Et bien, c’est très simple, le tout est résumé en un seul mot « atmosphère ». Non ce n’est pas le nouvel album de Jean-Michel Jarre… Mais un truc qu’on ne voit pas souvent ces temps ci. Un film qui ose immerger le spectateur dans une balade onirique (c’est beauuuu) sans artifice, ni gros effets spéciaux de la mort qui tue.

A l’origine, l’histoire comptée dans Into the Wild est tirée de la biographie éponyme (« Voyage au bout de la solitude » en français) de Christopher McCandless, alias « Alexander Supertramp », écrite par Jon Krakauer. Plus que le récit d’une aventure humaine, celui-ci narre la recherche de « l’authentique » (comme dirait Jean de Florette) dans une quête solitaire.
Car oui, le délire du film c’est un peu « je me promène seul sur la route, je rencontre des gens… sont sympa, mais oh y a mon bus dans le Grand Nord qui m’attend ». Oui, Super Clodo a choisi de chercher son « authentique » en Alaska. Pourquoi pas me direz vous ? Fin, perso j’aurais plutôt rêvé d’une jolie cabane dans la forêt avec la rivière qui passe à coté… Vous avez compris, un truc de hippie quoi ! Et un hippie à -20°, bah ça se gèle les roubignoles, croyez moi !

D’ailleurs en parlant de hippies, ceux-ci sont très présents durant le film, représentant le retour à la nature mais dans un contexte communautaire. Je vais pas vous faire la liste de toutes les rencontres que fait ce sympathique McCandless, car elles sont bien nombreuses, et pis faut pas gâcher le suspense hein ! Je dirais juste qu’aucune d’entre elles n’est là au hasard, qu’elles font office chacune à leur manière de havre de paix où planter sa tente ne serait pas de refus.

Emile Hirsch campe parfaitement le rôle de ce jeune idéaliste désirant voir le monde comme si celui-ci était tiré du « Songe d’une Nuit d’Eté » ou d’un roman de Jack London (cité quelques fois durant le film). Les acteurs qui l’entourent sont à peu près tous anonymes ou peu connus, à part un William Hurt touchant dans le rôle d’un père froid en apparence mais qui souffre dans sa chair de sa culpabilité, et d’une Kristen Stewart (oui la nunuche de « Twilight ») craquante dans la peau d’une petite hippie chaude comme la braise (le « sixteen… » provoque toujours en moi un petit frisson).

Mais ce film n’aurait pas une identité aussi marquante sans sa bande originale. Elle fait corps avec le film, et certaines mélodies illustrent l’état d’esprit du héros durant ses nombreuses pérégrinations (fallait l’placer celui la !). La voix suave présente sur quasiment toute la BO est celle de Eddie Vedder, leader du groupe Pearl Jam. Ici bien loin des sonorités Grunge, Eddie nous livre un blues irrésistible aux textes poignants. Sean Penn a toujours su s’entourer d’une équipe musicale au taquet (soufflant souvent aux réalisateurs qui le dirigeaient les noms de ses potes musiciens).

« Into the Wild » malgré un scénario peu original, joue la carte de la sobriété et donne une bouffée d’air frais bien loin d’être dénuée de moral. Pour conclure, voici une citation du réalisateur qui pourrait très bien résumer l’idée du film à elle seule :

« Il faut encourager les jeunes à vivre des rites de passage qui les mettent en danger, où le risque de douleur est aussi grand que le risque de plaisir. »
Jidé_Jus_d_Abricots
10

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le 23 nov. 2014

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