Film d'horreur à l'horreur molle, au scénario blafard et aux prétentions figées. Au menu : pitsch accrocheur, de superbes profondeurs de champ, une photo parfaite mais de cette perfection du ciné Indé-Instagram. It Follows veut rejouer le coup du 'vide' hégémonique comme le faisait si bien Carpenter ; or c'était un 'vide' habité, l'âme du prédateur était intrinsèquement épurée donc 'vide' mais son ombre chargée. Le vide prenait les commandes et engloutissait les interactions (idem dans Prince des ténèbres), violant des représentations crues du réel. L'affiliation avec les autres références géniales (De Palma, Cronenberg) de David Robert Mitchell est manifeste mais froide.
Le cinéaste ne tourne pas « à la manière de », il crée des images uniques (avec le lieu de la révélation notamment) mais se montre circonspect à l'excès par rapport à sa propre matrice. Et finalement c'est une simple dérobade luxueuse. On retrouve encore cette pose grotesque au mieux, subterfuge de paumés au pire, consistant à « laisser le spectateur trouver lui-même les réponses ». Le réalisateur l'affirme en interview ; l'affirmer et même le revendiquer n'est pas le problème, se reposer là-dessus à fond est désespérant. Lynch ou Tarkovski prétendent le même genre de bullshit, sont sans doute largement irrationnels dans l'agencement de leurs idées, mais cela s'accompagne d'une rigueur marquée (ni réduite à la forme, ni dans l'exclusion d'un sous-texte cohérent), donnant des univers pleins ou cohérents, quelque soit leur pertinence par ailleurs.
It Follows n'ancre pas ses métaphores dans la réalité, ni dans le symbole ; autrement que par ces apparitions. Résultat, on piétine constamment et assiste finalement à rien de plus qu'un énième retour de Sadako (saga The Ring). It Follows évoque clairement le passage difficile à l'état d'adulte 'fini', mais ne va pas plus loin que le poser : en une ligne tout est dit et rien ne suit ; juste les motifs d'effroi, ces zombies donc. Des visions saisissantes mais en l'absence de direction, elles ne font que meubler un train-fantôme vissé à quai. Plutôt qu'un nouvel Halloween, c'est au choix un successeur virtuose et exsangue des Griffes de la Nuit ; ou un reboot sans vulgarité mais sans grand relief aussi de Carrie.
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