Introduction :
Que c’est bon de voir qu’il y a encore une veine de réalisateurs à l’ancienne qui, malgré les fortes tendances du moment, arrivent à proposer un bout de pélloche bien mûre et brute de décoffrage. Les lens flares, la camera shaker, le sang rajouté en numérique...Rien de tous ces éléments n’ont leurs places dans ce thriller. McQuarrie est bien un type à l’ancienne. Il n y a qu’à se rappeler de sa première réalisation, Way of the Gun avec Ryan Philippe (probablement l’une de ses 3 dernières meilleurs performance) et Benicio Del Toro. Un film qui à l’époque, rendait un bien bel hommage au western spaghetti et de quelle manière ! McQuarrie arrivait sans mal à nous faire ressentir les contractions de Juliette Lewis durant tout le film ! Un vrai supplice qu’une césarienne en plein milieu d’une fusillade d’anthologie venait magnifiquement bien clôturer. Dans Jack Reacher il se réapproprie exactement le même procédé de mise en scène sobre mais ultra efficace. La façon dont il arrive à mettre en scène l’introduction du sniper par exemple. Une séquence totalement immersive, sans musique ou le spectateur sent et ressent uniquement la respiration du tireur et sa façon méthodique de procéder à ses assassinats. Voilà un réalisateur particulièrement à l’affut de chaque détails notamment sur la gestion du son, autre point fort de Jack Reacher. Le film ne serait pas aussi bon sans une magnifique gestion sonore. Si beaucoup de cinéphiles ont été nombreux à admirer la superbe introduction de Drive (techniques, découpages, cadrages, sons...), dites vous bien que La fameuse séquence de poursuite de Jack Reacher (salué par l’ensemble de la presse spécialisé) n’a absolument aucun mal à se hisser au même niveau, elle est même un cran au-dessus. Maitrise parfaite d’un découpage aux petits oignons, d’une gestion sonore (une fois de plus) au carré à tel point que la Audi conduite par les bad-guy et la Camaro de Reacher deviennent des "personnages" quasi à part entière lors de cette scène.

Le rythme dans la peau :
McQuarrie a tout simplement trouvé un ton, le ton « juste ». Certains spectateurs pourront pester sur le rythme du film ou même son scénario. Probablement à juste titre car à partir du moment ou l’on sort pour X ou Y raison du tempo que nous pose le metteur en scène (le film dure plus de 2h !) à l’arrivé certains pourront dire « tout ça pour ça ? ». Bien sûr, ce serai quand même dommage de ne pas se laisser emporter par cette enquête. Car l’autre force de Jack Reacher c’est ses dialogues. N’ayant pas du tout connaissance du bouquin, l’auteur de ces lignes ne sait pas comment le réalisateur a pris soin de l’adapter. Il n’empêche qu’à l’arrivé McQuarrie fait encore mouche, car même avec une histoire simple il arrive (pour ceux qui sont rester dans le tempo) à instaurer une atmosphère dense ou l’enquête mené par le duo Cruise/Reacher et Pike/Rodin prend le temps d’avancer. Par ailleurs, l’une des autres séquences forte de Jack Reacher est bien cet scène de bureau (entre Reacher et Rodin devant le puzzle de l’enquête) qui parait pourtant anodine mais qui montre encore une fois tout l’étendu des talents du réalisateur en matière de découpage et de gestion de l’espace au sein de (très) longs dialogues.

Conclusion :
La deuxième réalisation de Christopher McQuarrie est une fois de plus un thriller « posé » qui prend effectivement tout son temps comme Way of the gun à l’époque. Il prend son temps pour poser ses personnages, ses dialogues, ses scènes d’actions...mais ce rythme lent est à chaque fois récompensé. Une autre séquence vient pour ainsi dire, « représenter » ce vrai tour de force qui réside dans Jack Reacher, celle ou le réalisateur revient sur chacune des victimes assassinés par le sniper. En l’espace de trois minutes montre en main McQuarrie arrive à nous dépeindre chacune des personnes assassinés par le sniper avec une certaine application et attention, leur conférant une vie, un passé que l’on arrive sans peine à imaginer. Là ou n’importe quel thriller les auraient fait passer pour de « simple » victimes McQuarrie lui, « prend le temps » et les fait exister.

Il ne faut pas aussi oublier cette petite touche d’humour souvent bien venu mais là ou on ne l’attend quasiment jamais. Un vrai plus qui confère aux dialogues et à l’univers de Jack Reacher un putain de punch ! RDV pris pour la suite des aventures du héros urbain solitaire, casseur de rotules.

PS : oh et puis merde, oubliez tout ce que vous venez de lire ce qui importe c’est de revoir Tom Cruise au côté de Robert Duvall et ça, ça vaut bien tout le reste...

Par Vincent N.Van du groupe Madealone
madealone
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 27 déc. 2012

Critique lue 276 fois

Vincent N.Van

Écrit par

Critique lue 276 fois

D'autres avis sur Jack Reacher

Jack Reacher
real_folk_blues
6

Il est vénère, Herzog.

Ce que j’aime bien avec les bandes annonce, c’est que l’expression faire passer des vessies pour des lanternes ne fait jamais autant sens qu’en s’y retrouvant confronté. Là on nous vend du Drive, un...

le 14 janv. 2013

79 j'aime

15

Jack Reacher
Gothic
6

Reacher, Coeur de Lion

[LEGER SPOIL] Dans ce film de Christopher McQuarrie produit par Tom Cruise, Tom Cruise est interprété par Jack Rea...attendez, je sais plus, c'est peut-être l'inverse ! Toujours est-il que côté...

le 31 juil. 2013

71 j'aime

24

Jack Reacher
guyness
4

La croisière s'abuse

Thomas Croisière. J'espère que vous réalisez bien qu'en Français, le petit Tom s'appellerait Thomas Croisière. Et qu'il serait adepte de la secte du Mandarom. Je dis ça, c'est juste pour tenter de...

le 26 mai 2013

45 j'aime

22

Du même critique

Need for Speed
madealone
7

Une adaptation réussie !

Introduction : A vue de nez « ça sent pas bon » comme dirait l’autre. Puis on ne va pas se mentir (pas entre nous, jamais) mais le choix d’Electronic Arts qui fût celui d’adapter Need For Speed sur...

le 17 avr. 2014

4 j'aime

4

Drive
madealone
8

La force Danoise

Introduction : Jouissant d'un fort capital sympathie durant sa présentation lors du Festival de Cannes, Drive, récompensé par le prix de la mise en scène, sort enfin sur nos écrans. Nicolas Winding...

le 22 nov. 2011

3 j'aime