http://cinemadroide.wordpress.com/2013/02/07/blast-from-the-past-jackie-brown-1997/#more-482
A sa sortie il est peu dire que JB était un des films les plus attendus depuis bien longtemps succédant à Pulp Fiction qui avait révolutionné le monde du cinéma.
L’annonce de la distribution avec en vedette au côté du pilier Samuel Jackson, Pam Grier et Robert Forster deux acteurs oubliés des années 70 marque les esprits, d’autant que le légendaire Rober de Niro rejoint le projet lui dans un rôle secondaire !
Apres avoir ressuscité la carrière de John Travolta qui fut une méga star par le passé, il plaçait cette fois en tête d’affiche des acteurs bien moins prestigieux. A l’époque si Grier parvenait encore à décrocher quelques rôles Forster jeune espoir jamais confirmé des années 50 perdu dans la série Z n’avait même plus d’agent, ce qui correspond à une véritable mort professionnelle à Hollywood.
Il raconte d’ailleurs avoir rencontré QT tout auréolé de sa gloire « Pulpienne » dans un café ou ce dernier lui annonça vouloir lui confier un rôle dans son prochain film. Stupéfait à la lecture du script de voir que le seul rôle qu’il pourrait tenir était un des 3 principaux, il pensa qu’aucun financier n’accepterait qu’il fût casté pour un film tant attendu. Pourtant Tarantino lui assura qu’il choisissait qui bon lui semblait dans ses films.
Quand le film s’ouvre on est saisi par ce long travelling qui suit une Pam Grier statuesque traverser l’aéroport de los Angeles sur les pulsations du « Accross 110th street « de Bobby Womack, le titre s’affichant plein écran en jaune (comme Pulp Fiction) avec une magnifique police de Blaxploitation.
Si certains passages comme la séquence des « Chicks with Guns » et les scènes avec Beaumont (Chris Tucker) semblent familières on comprend vite que Tarantino ne cherche pas à reproduire son hit. Jackie Brown est d’abord l’adaptation d’une œuvre existante, en l’occurrence celle de « Punch Créole » d’Elmore Leonard et Tarantino en respecte l’univers même si il y apporte quelques touches personnelles (Jackie Brown est en fait Jackie Burke une blanche dans le roman et il déplace l’intrigue de Miami à Los Angeles qui lui est plus familière) et son génie de la BO.
Visuellement la photographie ambrée du mexicain Guillermo Navarro donne un côté plus cinéma et plus chaleureux que celle dure et contrastée d’Andrzej Sekula. S’il utilise quelques-unes de ses techniques fétiches par exemple les longs plans séquences qui suivent les personnages dans leurs mouvements, sa mise en scène se fait plus discrète. A l’énergie permanente de Pulp Fiction et RD il substitue une ambiance confortable ponctuée d’éclats de violence soudains.
Mais c’est la relation « adulte », histoire d’amour naissante entre deux personnes d’âge murs n’attendant plus rien de la vie, qui est au centre du film qui montre que QT ne veut pas se laisser enfermer dans son propre univers. Avec ces dialogues entre Max Cherry et Jackie, parmi les meilleurs qu’il ait écrit, il démontre qu’il n’est pas le cinéphile de vidéos clubs surexcité et fasciné par la violence que ces détracteurs se plaisent à décrire. Il n’a nul besoin de référence à des films de Kung-fu ou des westerns spaghettis de série Z pour faire vivre ses personnages.
Même le personnage d’Ordell Robie (Samuel L. Jackson) malgré son total look Kangol et sa coiffure « orientale » n’est pas une copie des gangsters pulpien. C’est un véritable criminel à la fois très affable et sans pitié un personnage malfaisant mais fait de chair et de sang dont on comprend les motivations.
le jeu de Sam Jackson à aucun moment ne fait penser à l’iconique Jules Winfield de Pulp Fiction tant il incarne Ordell de manière différente.
Jackie Brown compte parmi mes prestations favorites du grand Bob De Niro dans son rôle de taulard fraîchement libéré, c’est étonnant de constater qu’ il passe la majeure partie du film assis l’air perdu ou ennuyé à écouter soit Samuel Jackson soit Bridget Fonda et pourtant son interprétation marque.
Grier laisse apparaître des craquelures dans son vernis de femme de femme forte revenue de tout, on ressent cette peur d’avoir à reconstruire sa vie déjà brisée une nouvelle fois.
Tous donnent leur meilleur sous la direction de QT de Michael Keaton à Bridget Fonda, elle encore très subtile dans son rôle de California girl un peu défraichie. (On peut regretter qu’elle n’ait pas par la suite retrouvé de rôle à la hauteur du talent dont elle fait preuve ici).
Jackie Brown reste encore aujourd’hui le mal aimé de la filmographie du génie de Knoxville, il reste à mes yeux un de ses meilleurs et c’est à regret qu’on abandonne au bout de 2h34 Pam Grier en route vers sa nouvelle vie… Note 9/10