Les suites, prequels, et autres dérivations d’un film original, même quand ils sont mauvais, se justifient. Soit ils montrent les nouvelles aventures d’un héros (Die Hard, Indiana Jones…), soit ils constituent un chapitre, un tome, d’une longue histoire racontée en plusieurs étapes (Le seigneur des anneaux, Harry Potter…).
Ici, l’existence de ce film est injustifiable. L’histoire de Jason Bourne est terminée, et Matt Damon a dit « non » pour un épisode 4 au scénario original sans aucun lien avec les livres de Robert Ludlum. Mais la trilogie « Bourne » est très lucrative, et le concept de l’agent spécial hyper-entraîné aux talents exceptionnels est à la mode (« Taken », « Hanna », « Salt »…). Les scénaristes font donc un compromis en écrivant un film qui se passe en parallèle de « La vengeance dans la peau », mais avec un casting et une histoire qui n’ont rien à voir. Ils ont mis « Bourne » dans le titre pour faire vendre, et ils ont lancé la machine « à la va comme je te pousse ». Ils ont tenté de justifier le titre en intégrant par-ci par-là des photos de Matt Damon, des scènes avec les anciens acteurs, et quelques notes de musiques, mais en soi, ce film n’a aucune raison d’exister. Evidemment, quand on va voir la suite d’un film que l’on a aimé, on sait que sa raison d’être première est d’engendrer au moins autant de dollars que le premier, et non une envie soudaine d’approfondir un personnage, mais ici, c’est tellement évident, tellement aveuglant, et tellement nul, que ça en devient littéralement insupportable.
Et puis il y a la fin… Non seulement le film dure plus de deux heures mais en plus, il se termine en eaux de boudin. On se retrouve là, penaud et outré, parce que non seulement le film ne devrait pas exister, mais en plus il ne cherche même pas à se justifier. Il nous envoie purement et simplement nous faire voir, et avec la musique de fin de la trilogie originale, histoire d’enfoncer le clou, et d'énerver le spectateur, un petit peu plus. De toute façon, une fois qu'il a payé sa place (ou son DVD) et est assis devant l’écran, c’est gagné. Le reste n’est plus que farce et illusion…