La trilogie Bourne c’est la saga qui a mis à mal les trames à base d’espions, réécrivant tous les codes du genre, poussant un autre agent, celui du MI6, à revoir totalement sa formule.
Etonnant de voir une nouvelle suite à cette franchise, même si elle tient plus du spin-off, Bourne étant éludé pour laisser place à Aaron Cross, interprété par Jeremy Renner. Pourtant, bien qu’étant un spin-off ce nouvel opus garde des tendeurs toujours fortement harnachés aux précédents. C’est simple, tout est mal introduit et si l’on n’a jamais vu ceux avec Matt Damon il devient assez difficile de s’y plonger, les échos des événements des précédents volets venant s’imposer avec un grand manque de subtilité. Il devient même agaçant de sans cesse entendre parler de Jason Bourne, que ce soit de la bouche des grosses légumes et autres journaux télévisés. Heureusement Tony Gilroy, le scénariste, coupe cette parenté lors du second mouvement du métrage, décors étant totalement changés pour repartir sur de meilleures bases. Enfin le film se réveille et la traque prend un peu d’ampleur, car il faut bien l’admettre, la première heure semble engluée dans une sorte de mélasse informe incapable de se mettre en place. Les personnages sont d’ailleurs dépeints avec un manque d’épaisseur assez étonnant, compte-tenu de ce que l’on a vu il y a quelques années, et le personnage de Rachel Weisz est au panthéon des potiches inutiles. La femme a pourtant joué tous les rôles, même celui d’Hypatie, mais ici c’est tout simplement une horreur constante.
Jeremy Renner est heureusement, car c’est quand même lui le héros, pas si mauvais. Pas bavard pour deux sous, il sait néanmoins en imposer par sa prestance et fait plaisir à voir dans un rôle plus à sa hauteur que celui du super-héros neurasthénique d’Avengers.
Malgré tout, même avec tous les efforts du monde, l’intérêt global reste superficiel. Manque de tension, manque d’action, dialogues soporifiques et sans buts réels hormis faire croire que l’ensemble est un grand thriller, rien ne vient relever le niveau de la bobine et elle n’effleure même jamais la moitié de l’excellence d’un épisode de Bourne. Nous avons cela dit quelques moments de bravoures, hélas bien trop courts, si ce n’est la course poursuite finale qui est sans conteste le point fort du film; palpitante, bien réalisée et rappelant même par moment Terminator 2. Elle aurait pu déboucher sur autre chose, mais Tony Gilroy décidera de la prolonger avec un effet particulièrement raté. Dommage.
Jason Bourne: L’héritage est donc, comme l’on s’y attendait, un opus dont le seul et unique but est de profiter du prestige de la licence. Il ne pousse heureusement pas le bouchon au point de remplacer Matt Damon par un autre acteur (ce que d’autres ont fait avec certaines sagas), mais nous avons malgré tout affaire à un produit purement commercial, paresseux et fatiguant, surtout avec autant de vide durant plus de 120 minutes. Inutile, vain, ce volet vient se classer parmi les épisodes bâtards qui viennent entacher un mythe.