Jaune, le soleil par FrankyFockers
Jaune le Soleil est réputé comme le moins bon film de Duras, et c'est assez vrai. Pourtant, c'est un objet tout à fait intéressant. Notamment parce qu'il se situe à la fin de la première période de son cinéma, appelons-la "traditionnelle", c'est à dire où des acteurs jouent des rôles et disent des textes. Mais ce film est le témoin d'une impasse : l'incapacité à encore produire du cinéma conventionnel. Du coup, la cinéaste opte pour le dénuement le plus total : mise en avant du texte dans une théâtralité outrée, pas de décor, le film entier se déroulant dans une seule pièce, des personnages aux contours flous, dont les intentions le sont tout autant. Tout ceci, au lieu de créer de l'ennui, engendrent une véritable fascination sur la disparition des repères du médium filmique. La fin du film est le constat de cette incapacité à produire quelque chose de nouveau, ne serait-ce que du sens, puis elle est littéralement en boucle : les personnages sont affalés au sol les uns sur les autres, et répètent une bribe de texte, un mot seulement, en boucle, de manière calée au départ, puis même ça se met à dérailler à tel point que les mots, les voix se mélangent, le sens se perd, le son reste.