Alors qu’on aurait pensé ce documentaire comme un portrait précis d’un réalisateur, intriguant et assez peu connu, par ceux qui l’entourent et la radiographie d’une œuvre singulière qui mérite le détour, Walter Salles préfère nous livrer la parole d’un réalisateur sur lui-même et sur sa vie dont, malgré tout le respect qu’on lui doit, on se fout un peu, plutôt que le regard d’un homme sur son travail et son rapport avec un pays au régime politique encore trop strict pour totalement le tolérer. S’accumulent donc des scènes improvisées (au gré des événements qui se sont déroulés lors de la durée du voyage de l’équipe auprès du réalisateur en question, prouvant l’aspect un peu « suiveur » du film) et inutiles qui ne donne au film ni unité ni cohérence. Si le documentaire parvient à être pertinent c’est uniquement lorsqu’il donne la parole aux gens qui ont participé techniquement aux films du chinois et l’accompagnent dans sa vie. Mais cette parole n’est donnée que trop rarement et le chemin de l’équipe du film parcouru avec Jia Zhang-Ke n’est intéressant qu’à l’égard du retour aux sources qu’est ce périple vers la ville de Fenyang. Mais les défauts majeurs de ce documentaire à l’allure peu sérieuse et bâclée (notamment techniquement ; c’est très moche, mal filmé et l’image, n’est pas de bonne qualité) sont dépassés lorsque le film revient à une analyse plus cinématographique des films du réalisateur, en lien avec sa vie et une géographie précise, grâce à une bonne sélection d’extraits commentés et expliqués (quoique spoilant certains des films montrés…).