Mars et ça repart ! (désolé...)
Après Brad Bird qui a officié sur l'excellent MI4, c'est au tour d'un autre génie de l'écurie Pixar de passer à la réalisation live sur une des plus vieilles arlésiennes de l'histoire du cinéma. Le talentueux Andrew Stanton hérite donc de l'adaptation du cycle de Mars d'Edgar Rice Burrough, un projet maudit passé entre les mains de John Mc Tiernan, Jon Favreau et Robert Rodriguez (pour ces deux là, on l'a échappé belle !). L'oeuvre est ambitieuse et très coûteuse (250 millions de dollars investis !) ce qui en fait un pari risqué pour Disney dans la mesure où le matériau de base demeure inconnu du grand public (John Who ?).
John Carter est également le premier Space Opera à sortir sur nos écrans depuis belle lurette alors que Star Wars, Avatar et co sont passés par là. Ironie du sort pour une œuvre qui a pourtant inventé le genre !
Car oui, John Carter est bel est bien le père de tous les Space Opera et une saga qui a construit tout un pan de la science fiction moderne. C'est là que réside tout le paradoxe d'une adaptation cinématographique qui arrive après la bataille ! Ainsi John Carter est condamné à recycler tous les codes d'un genre qu'il a définit (une planète lointaine, des races extraterrestres, une guerre, etc.) sachant qu'entre temps la très surestimée saga de Papi George a marqué à l'imaginaire collectif. Le métrage laisse donc une cruelle impression de déjà vu dans ses mécanismes narratifs et les archétypes qu'ils convoquent. En outre, la direction artistique kitschissime (non ! Ce n'est pas une blague avec le nom de l'acteur principal !)donne parfois à l'ensemble un cachet désuet qui rappelle l'impayable production design du Dune de David Lynch et les aventures de Flash Gordon !
Pourtant, le film n'en reste pas moins plaisant à regarder grâce à une générosité visuelle rare.
Andrew Stanton négocie parfaitement son passage au live en important les trésors de mise en scène qu'il déployait dans Wall-E et le Monde de Némo. Sa réalisation s'accommode de l'aspect digital du métrage et s'avère très impressionnante lorsqu'il s'agit filmer les paysages martiens (les intérieurs sont hélas moins réussis) et quelques morceaux de bravoure fichtrement épiques comme cette course poursuite entre les fondations d'une cité mouvante où ce combat dans une arène contre des monstres entrevu dans la bande d'annonce.
Le réalisateur compose ainsi des mouvements de caméra amples et aériens qui privilégient toujours la lisibilité de l'action (on ne le dira jamais assez : c'est rare par les temps qui courent...).
Les talents de conteur du bonhomme font aussi mouche notamment lors des premiers pas de John Carter en territoire Martien (toutes les scènes chez les Tarks sont géniales, c'est autre chose lorsqu'on passe du côté des hommes rouges...) mais ne parviennent pas à masquer les quelques lacunes d'un script trop elliptique et un brin chaotique.
Dommage car la mythologie de l'œuvre est fascinante et véhicule un véritable souffle épique d'autant que la rareté de ce type de film fait qu'on a ne va pas faire la fine bouche devant ce monde unique avec ces vaisseaux qui « naviguent sur la lumière » et son bestiaire varié : entre les Tarks (véritables spartiates de l'espace !), des singes blancs et un Woola (tellement mignon qu'on l'adopterait !).
A ce titre, les interprètes contribuent largement à la réussite que constitue l'univers du métrage malgré des performances (bien) restituées par les effets spéciaux pour les uns et des costumes souvent ridicules pour les autres. Le sieur Kitsch montre qu'il vaut mieux que sa pitoyable performance dans Wolverine (c'était pas difficile...), idem pour la fantasmatique Lynn Colins, le reste du casting étant composé d'acteurs britanniques habitués des rôles costumés. On retrouve ainsi l'inévitable Mark Strong, l'excellent Dominic West (The Wire, 300) et plusieurs têtes d'affiches de la série Rome (Ciaran Hinds, James Purefoy et Polly Waker).
Au final, John Carter est un film plein de défauts mais très attachant dans son approche respectueuse d'un genre balisé. Le métrage exhale un parfum « à l'ancienne » qui le rend parfois naïf et un peu ringard mais aussi romanesque et épique pour tous les geeks en mal d'univers inconnus. En outre, le potentiel de la mythologie est énorme et augure de grandes choses pour les deux suites prévues.
Gageons que le film remporte un franc succès au box-office (ce qui n'est pas gagné au vu des premiers chiffres) car si cette adaptation est loin d'être parfaite, John carter mérite de nouvelles aventures !