Un univers magnifique porté par un scénario bon et efficace. John Carter a peu à envier à Star Wars.

Après "Star Wars" et "Avatar", voici désormais "John Carter", adapté du premier volume "La Princesse de Mars" du "Cycle de Mars" (ou "Cycle de Barsoom") écrit par Edgar Rice Burroughs, également créateur de "Tarzan". Bien que le film sort après les films de George Lucas et de James Cameron, ce sont en réalité ces deux cinéastes, les premiers, qui se sont inspirés des romans de Burroughs.

Il a fallu longtemps avant que "John Carter" voit le jour dans les salles obscures, tant les projets ont sans cesse été annulé ou repoussés. Déjà au début des années 30, Robert Clampett, un réalisateur de certains épisodes des "Looney Tunes", avait l'intention de créer un dessin animé "John Carter" qui – s'il avait vu le jour – aurait été le premier long métrage d'animation américain de l'histoire du cinéma, à la place de "Blanche Neige et les Sept Nains" (1937). Plus récemment, Robert Rodriguez ("Sin City"), Kerry Conran ("Capitaine Sky et le monde de demain") et même le réalisateur des deux "Iron Man", Jon Favreau, se sont attelés au projet, avant de jeter l'éponge. Finalement, les droits du film étant passé de la Paramount à Disney, c'est Andrew Stanton, réalisateur oscarisé du "Monde de Nemo" et de "Wall-E", et par la même occasion grand fan des romans d'Edgar Rice Burroughs, qui s'occupa de l'adaptation du premier roman de la saga, réalisant ainsi sont premier film en live.

Sorti bien après les "Star Wars" et "Avatar" révolutionnaires, il fallait évidemment s'attendre à une impression de déjà vu en découvrant ce "John Carter" qui, malgré son histoire, ses personnages et son univers forts intéressants, manque d'originalité quant à ses prédécesseurs, ce qui fait que le film n'avait pratiquement aucune chance d'arriver au niveau de ses prédesseurs. Malgré tout, Andrew Stanton parvient à nous offrir un film du style Space-Opera très réussit en soi, qui plaira sans aucun doutes aux amateurs de Science-Fiction. "John Carter" possède pour ainsi dire de très beaux effets visuels et de très belles images de Mars et de ses habitants, qualité que l'on doit évidemment à Andrew Stanton, devenu expert en animation. C'est aussi pour cette raison cependant que les acteurs ne sont pas très convainquants dans leurs rôles, Taylor Kitsch et Lynn Collins les premiers.

L'aventure commence en réalité sur Terre, pendant la Guerre de Sécession aux Etats-Unis. Le capitaine John Carter (Taylor Kitsch) se retrouve par accident transporté sur une autre planète, appelée Barsoom par les locaux, qui s'avère être Mars. Sur place, il va être mêlé à une guerre opposant les tribus de la planète. Amené à rencontrer Tars Tarkas, "homme vert" de la tribu des Tharks (doublé par Willem Dafoe, "Spider-Man"), Carter va ensuite croiser la route de la princesse Dejah Thoris (Lynn Collins) de la tribu des Héliumite, et lutter pour son clan, contre l'oppression de Sab Than (Dominic West), un Zodangien dictateur qui a acquéri une nouvelle arme grâce à une autre tribu – plus mystérieuse celle-là – appelée la tribu des Therns, représentée par le personnage de Mark Strong ("Robin des Bois").

Même si le film a son univers et son histoire bien à lui, il est intéressant d'effectuer des comparaisons et des rapprochements avec son homologue "Star Wars", pour comprendre en quoi "John Carter" peut paraître moins bien. Là où "Star Wars" avait la facilité de situer son intrigue dans une galaxie lointaine, très lointaine, l'aventure d'Edgar Rice Burroughs, elle, nécessite des explications et plus de détails concernant le passage de John Carter de la Terre à Mars. L'effet est immédiatement perçu: du long de ses 2 heures et 20 minutes – et ce encore malgré quelques longueurs – le film manque de détails et de crédibilité dans la transformation du simple capitaine John Carter en un guerrier de Mars luttant pour une cause dont il n'a même pas encore pris connaissance. Heureusement, en comparaison avec le premier "Star Wars" – à savoir l'actuel épisode IV – "John Carter" possède un scénario beaucoup plus riche vu sa duplicité Terre-Mars, dont la fin en forme de retournement de situation s'avère être le passage le plus touchant du film!

Bien entendu, nous retrouvons ce même aspect de la princesse à sauver que dans "Star Wars" (bien que la princesse ici prend une dimension de femme forte, comme c'est la mode actuellement, pour éviter les discriminations sexistes), mais là où "Star Wars" bénéficiait DU grand méchant casqué du siècle, "John Carter" ne nous livre "que" un roi doté de pouvoirs destructeurs à la Palpatine qui s'avérera au final être moins dangereux que le Thern campé par Mark Strong. Le "que" entre guillemets – je tiens à le préciser – signifie uniquement que le concept du vilain dans "Star Wars" est en deça de celui (ou plutôt ceux) de "John Carter", mais ces méchants sont plutôt bien exploités.

En amis du héros, la tribu des Tharks – aussi appelés "hommes-verts – est très réjouissante. C'est d'ailleurs la première forme de population martienne que John Carter est amené à découvrir. Il sera d'ailleurs assez étrange de découvrir qu'au final, ils parlent l'anglais couramment, tout comme les autres tribus de Mars, facilitant beaucoup la compréhension avec Carter, mais surtout l'histoire. D'abords hésitants à accueillir l'étranger arrogant et égoïste parmi eux, les Tharks vont en faire tour à tour leur héros, leur ennemi, puis à nouveau leur héros, ce qui constitue pas mal de sous-histoires en soi. Ce sont eux qui permettent de faire le lien avec les Na'vis d'"Avatar", cela dit en passant.

Autre point commun avec "Star Wars" et surtout l'épisode 2 ("Attack of the Clones"), il y a cette scène dans l'arène, opposant Carter, Tars Tarkas et sa fille à deux monstrueuses créatures. Cette scène est sans doute ce qui se rapproche le plus – visuellement parlant – d'un film de "Star Wars" (si l'on oublie l'aspect désertique de Mars ressemblant fort à celui de la planète Tatooine), soit l'Episode II pour son combat dans une arène également; et cette scène fait aussi partie de la catégorie sous-histoire-dont-on-aurait-pu-se-passer. Dès lors, on peut avoir du mal à comprendre la raison pour laquelle les créatures ont spécifiquement choisi cette scène-là comme scène n°1 pour les campagnes publicitaires et autres bandes annonces. C'est probablement l'atout des effets visuels qui a joué dans le choix, ce qui nous offre une bien piètre idée de la motivation de l'équipe pour qui l'argent compte plus que la créativité.

En parlant d'effets visuels, ceux-ci sont fort utilisés dans les scènes d'actions. Cependant, malgré leur précision, ce ne sont pas les scènes d'actions qui se montrent déterminante pour le film. Après tout, avec les "Star Wars", on avait déjà l'habitude d'assister à un combat final avec tout le monde en train de s'affronter dans les airs, à l'intérieur de vaisseaux spatiaux et sur le sol en même temps. Ici, le même style d'action se produit, mais avec évidemment un look différent. Les vaisseaux par exemple – sortes de croisement entre les galères grecques et la barge de Jabba-le-hutt du sixième "Star Wars" – ne s'éloignent pas beaucoup de la surface terrestre. Ensuite, les soldats sont habillées à la mode moderno-greco-romaine et se battent encore à l'épée malgré qu'ils ont des armes à feu. Ce ne sont donc pas les scènes d'actions qui apportent un plus au film, bien qu'elles sont assez impressionante. D'ailleurs, Andrew Stanton ne s'y attarde pas trop.

Le grand atout du film est donc ce nouvel univers avec ces nouveaux personnages qui nous sont offert par un scénario bon et efficace – malgré les quelques problèmes cités ci-dessus. Il est difficile de savoir actuellement si le film sera un succès ou un échec, toujours est-il que la saga écrite par Edgar Rice Burroughs contient au total 11 épisodes et qu'il y a de quoi adapter à l'écran pour le futur. Dommage que "John Carter" ne repose pas sur un élément capable de faire de lui un film culte à suites, tel un thème célèbre, comme ceux composés par John Williams pour "Star Wars". Michael Giacchino a beau être un excellent compositeur capable d'accompagner l'action tout en renforçant et illustrant les émotions véhiculées, il manque toujours à ses compositions un petit plus "qui fait que ...". Aussi, la bande originale de John Carter est un cinq étoiles assuré grâce à ses énormes variantes et son mode grand orchestre, mais n'égalisera jamais le travail de Williams pour la guerre des étoiles. Et, à l'image de la musique, nous pouvons en dire de même du film: très bon mais n'atteindra jamais le statut de culte!

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le 24 mars 2014

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Ciné-Look

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