Tout le monde a noté que John Carter avait un arrière goût de Star Wars ou d'Avatar.
En fait, c'est faux. C'est Star Wars ou d'Avatar qui ont un arrière goût de John Carter.
Le livre est paru en 1917, pré-publié à partir de 1912. Il a, par sa démesure et son imagination, créer le planet opera (rien que ça).
Le seul reproche que l'on peut faire au film, c'est d'être apparu après ces illustres inspirés qui l'ont précédé au cinéma. Seulement, loin d'être une énième adaptation ratée, on se trouve devant un classique à l'esthétique puissante et à la saveur moderne, autant que retro. Tous les films ne peuvent pas s'en vanter.
Fantasme de gosse, je ne compte plus les heures que j'ai passé devant les peintures de Frazetta représentant John Carter et Dejah Thoris. Sans jamais avoir lu les livres, j'étais déjà complètement fan de cet univers.
Quel ne fut pas mon excitation quand il y a 3 ou 4 ans j'ai appris que Andrew "Wall-e" et "Nemo" Stanton allait adapter ce livre !
Et qu'en plus, on allait bénéficier de la présence de Willem Dafoe dans ce film.
Pas déçu du tout.
Primo et pour rassurer, la 3D est une des meilleures que j'ai vu pour une conversion (rappelons que ce film a été filmé sur pellicule et numérique en 2D, puis converti). Il se pose à côté du grandiose Titanic 3D de James Cameron, rien que ça. La 3D cinéma est juste, pas tap à l'œil.
Pour ce qui est des qualités du film, et bien, elles sont nombreuses : une plastique d'exception, une réalisation inspirée et efficace, un scénario aux nombreux niveaux de lecture qui laisse sentir un background très profond, des acteurs convaincants et un spectacle puissant.
Les Américains n'ont pas plébiscité le film, je me demande encore pourquoi. Ils ne l'ont pas trouvé mauvais non plus, mais comparé à Tranformers qui récolte une note sensiblement équivalente sur Rotten Tomatoes, on se demande ce qui se passe.
Si j'hésite à lui affubler l'étiquette de chef d'œuvre, notamment parce que je n'aurais pas détesté un traitement plus adulte et sombre en raison du caractère du héros, c'est tout de même un divertissement plus accessible aux enfants que les pétaradants titans de métal de Michael Bay' John Carter, c'est tout même le gars qui a fait la guerre, vu des trucs impitoyables et tout perdu à son retour. C'est sombre, n'est-ce pas.
Mais bon, Stanton qui bosse pour Pixar et Disney assure suffisamment bien pour faire une critique de la guerre, lui qui a su faire un constat plutôt radical de l'évolution de l'être humain dans Wall-e. Il arrive à rendre accessible aux plus jeunes quelque chose d'aussi sombre, sans pour autant trop frustrer les moins jeunes (comme votre humble serviteur). Le tout sans rendre son personnage pathétique façon Rambo ("C'était pas ma guerre, Colonel !"), sachant parfaitement intériorisé la mélancholie de John Carter. C'est là aussi qu'on perçoit la réussite de Taylor Kitch. Vulnérable mais fort, puissant mais maladroit, immature d'apparence mais vieux et usé en réalité (reprenant ici la description de Edgar Rice Burroughs : le temps ne semble pas avoir de prise sur lui), l'acteur impose un homme qu'on ne peut qu'aimer. Ce n'est pas une petite performance. Bravo quand même !
Bien évidement, le reste du casting n'est pas moins bon, Dejah Thoris et Tars Tarkas en tête. J'aurais aimé que le personnage de Dominic West soit mieux mis en avant aussi, mais bon, on ne peut pas tout mettre dans un film de 2 h sans en casser le rythme.
Bref, malgré des petites pétouilles franchement pas répréhensibles sur la globalité du film, on se trouve devant un film familiale pas débilitant, beau et avec beaucoup de relief (avec ou sans 3D ^^). Les changements par rapport au livre permettant de rendre le film plus accessible.