On me reproche régulièrement d’être un rabat joie incapable d’apprécier les gros blockbusters typés fantastique / SF voir même de ne pas aimer ces genres du tout. Il est vrai que les dernières sorties concernées ont peiné à me convaincre alors que je suis pourtant particulièrement amateur d’épopées épiques nourries d’un imaginaire fantasque. Mais je viens de trouver une petite carte à abattre vicieusement pour contrer mes détracteurs (niark niark), une casserole si j’en juge par l’accueil modéré qu’il a suscité, en tout cas un petit récit d’aventure qui possède ce soupçon d’originalité qui me semble manquer dans la plupart des films à gros spectacle présents en salles chaque année.


Précisons d’emblée que je ne connaissais nullement l’univers ayant inspiré John Carter, alors la découverte de Mars, de ses peuplades cornues et de ses salopards maîtres du temps a pour le coup été une vraie récréation. Et pourtant, il y a de quoi être circonspect pendant les 5 premières minutes : voir le copain Taylor troquer ses épaulières pour la casquette de père Castor avant de raconter une histoire à son neveu avait mis les baromètres de l’ennui en plein dans le rouge. Mais l’heure qui suit est d’une redoutable efficacité et saura se mettre dans la poche quiconque apprécie un minimum les aventures fantastiques qui font cohabiter technologies avancées, bestiaires originaux et love story naissante plutôt bien amenée. Dès lors, la découverte d’une Mars empêtrée dans des guerres d’intérêt orchestrées par des petits connards en toges noires est un vrai plaisir, force le sourire à de nombreuses reprises et ne manque pas de susciter l’intérêt : le brave sauteur Taylor va-t-il concrétiser son pouvoir de guerrier sanguinaire (monsieur taille presque en pièces une horde de guerriers craspec à lui tout seul, séquence plutôt cool d’ailleurs), sauver sa planète d’adoption et emballer la princesse dans le même temps ?


S’il y parvient avec les honneurs, c’est malheureusement sans la même fougue qui habitait la première heure du film. En lieu et place de la violence parfois surprenante du début (on empile des corps, crame les maladroits et zigouille carrément l’adversaire en découvrant ses pouvoirs, ce qui est assez trash pour un Disney familial mine de rien), Andrew Stanton ouvre allégrement le pot de miel et en met partout, allant jusqu’à précipiter les batailles qui s’annonçaient comme les plus sanguinaires afin d’accélérer le destin héroïque de feu Veurginia. Johnny Boy, en un tour de main, se constitue une armée, avec laquelle il bote le train des méchants en plus de piquer à leur chef sa presque femme. Quel dommage d’avoir cédé à la soupe familiale habituelle dans ce dernier acte qui promettait sang et adversité.


Pour autant, je ne sors pas véritablement déçu de la séance. Le fond d’un film nous évoque parfois une sympathie si immédiate qu’on est prêt à le défendre alors que ses défauts nous sautent au visage. Ici, des FX parfois un peu limites (ceux des vaisseaux surtout), aux acteurs de seconde zone qui se tirent la bourre dans le surjeu, ils ne manquent pas à l’appel, mais ils n’ont jamais réellement émoussé cet enthousiasme qui m’a pris d’assaut lors de la première demi-heure et ne m’a pas quitté. Les dix dernières minutes d’ailleurs réussissent à faire à nouveau corps avec l’originalité du projet, de quoi me refiler le sourire juste avant de redescendre sur terre.

oso
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le 10 janv. 2016

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