Jupiter – Le Destin de l'univers est une catastrophe. Croyez-le bien, ça m'arrache la gueule de le dire.
Premier gros blockbuster de ce début d'année, Jupiter Ascending (en VO) était une promesse un peu folle. Celle d'un space-opera foisonnant, renversant et dingue. Un rêve de geek projeté sur la toile qui pouvait constituer une vraie date du genre. Et comme la promesse était faite par les Wachowski, hauts créateurs d'univers à l'origine de la trilogie cyberpunk Matrix et du jubilatoire Speed Racer. Forcément, nous avions des hautes attentes.
Du scénario initial de 600 pages ressort malheureusement ce film de deux heures imbuvable. Les rares décalages et tentatives que le scénario opère (ou tente d'opérer) sont noyés dans la mélasse conventionnelle d'un gros film idiot (élue, méchant, boum boum, famille,...). Au point même que les thématiques et les obsessions récurrentes des Wachowski deviennent ici caricaturales. Il y a bien du conte de fées, de la comédie (pas drôle) et de la réflexion sociale là dedans mais glougloutant dans un synopsis vu ad-nauseum tombant dans tous les poncifs.
On grince d'autant plus des dents que tout le monde joue comme des pieds notamment Mila Kunis (héroïne inexpressive peu servie par son personnage) et SURTOUT Eddie Redmayne, grosse tâche pourtant parti pour gagner l'Oscar du meilleur acteur cette année (sic). Reste Channing Tattum en service minimum et Sean Bean qui survit (ça c'est original).
A la catastrophe d'interprétation et au scénario en carton s'ajoute l'impardonnable : une mise en scène sans intérêt. Si vous oubliez un instant que ce sont les brillants Wachows derrière le combo, n'importe qui d'Hollywood pourrait avoir fait le taf si ce n'est lors d'une poignée de scènes et deux-trois plans d'action bien tape à l'oeil et excitants. Complètement désincarné donc même si le travail effectué sur la 3D est des plus impressionnants avec un jeu efficace sur trois plans et non deux comme on en a l'habitude.
Que reste-t'il donc de nos illusions à l'épreuve du film ? L'univers effectivement et sa direction artistique. Visuellement, il n'y a pas à dire, ça a de la gueule. Sûrement l'un des univers de space-opera les plus accrocheurs vu au cinéma. Que ce soit les SFX, les décors, les costumes, les maquillages,... tout est parfaitement et proprement magnifique et légitime les six mois supplémentaires d'attente. D'autant plus que la direction artistique agit comme une mixtape définitive du genre où l'on retrouve du Star Trek, du Dune, du Star Wars,.... Comme souvent chez les Wachowski, cet agrégat d'influences fonctionne car il est très pensé, cohérent et hybridé (à la peinture, le comic-book,...) mais ici, il est étriqué, replié et affadi par sa trame moisie.
Cet énorme travail de background, probablement mieux développé dans les 600 pages initiales, a visiblement donc été charcuté pour rentrer dans le rang d'un blockbuster générique. Ce qui soulève des questions quant à la production du film (sans chercher des excuses aux Wachowski, on pourrait en apprendre de belles prochainement). Reste aujourd'hui le film, déception absolue qui aboutira sûrement sur un bide mérité. Le genre si fantasmatique du space-opera méritant mieux, on ne pleurera pas de ne pas voir l'essai se transformer en franchise. Un film à oublier...même si le goût amer qu'il laisse en bouche risque de rester un moment.