Kill List par Kroakkroqgar

Que le réalisateur Ben Wheatley ait préféré approfondir l’ambiance plutôt que le scénario de ‘Kill List’ est tout à son honneur, mais qu’il méprise à ce point le récit est véritablement dépitant.

En fait, ‘Kill List’ commence comme un drame familiale, se transforme en film noir, avant de terminer en film d’horreur traumatisant. Pris deux à deux, les thèmes auraient probablement bien fonctionné, mais l’œuvre n’est là qu’un patchwork décousu. Les rares éléments censés lier l’ensemble sont tellement incompréhensibles qu’on a l’impression de se trouver face à des anachronismes : la marque de Fiona derrière le miroir, le lapin trouvé dans le jardin, les remerciements des victimes avant de mourir, le chat pendu, le comportement de Fiona. Le pire étant que l’implication d’une secte nous jette dans un désarroi encore plus profond que si le film ne nous avait pas donné d’explications.

La mise en scène est également largement décevante. Le réalisateur abuse de procédés classiques pour provoquer le malaise chez le spectateur, et s’en sert terriblement maladroitement. Quel est l’intérêt de suivre Gal de dos en plan séquence angoissant s’il y n’y a pas de climax ? Quel est l’intérêt d’appuyer la mise en scène glauque autour du lapin mort dans le jardin si le passage n’a pas de répercussion plus tard ? On retrouve la même vanité dans les effets de la bande-originale, et même le final traumatisant ne convainc pas, puisqu’il s’agit d’un plagiat allégé de ‘A Serbian Film’, en plus d’être prévisible et incompréhensible.

Au moins, la dernière partie du film est plus réussi, avec une mise en scène sordide de la secte et le passage claustrophobe dans les souterrains. En outre, on appréciera un casting plutôt intéressant, avec un Neil Maskell inquiétant, une MyAnna Buring ravissante, mais surtout un Michael Smiley terriblement charismatique.

Une absence de cohérence et de cohésion perturbante.