Pervers, sadique et obscène
Killer Joe nous plonge dans le Texas des ploucs américains. Alcooliques, nymphomanes, drogués et j'en passe des meilleurs. Emile Hirsch incarne ici une petite frappe de dealer, incapable de payer ses dettes et menacé de mort après que sa mère ait vendu ses réserves de coke. Il va alors, avec son père divorcé, sa belle-mère et sa soeur essayait de lui soutirer son assurance-vie en la faisant tuer par Joe Cooper, flic le jour, tueur à gages la nuit.
Autant le dire tout de suite, je n'ai pas trouvé le film crédible. Friedkin pousse le bouchon trop loin en faisant de son tueur à gages un psychopate complet, sadique et cruel. Dès lors que la famille ne pourra s'acquitter de sa dette, Joe va s'installer dans son quotidien, abusant sexuellement de Dottie, l'insupportablement jeune fille. D'ailleurs, c'est quoi son problème à elle ? Ok, elle a des problèmes dans la vie, mais est-elle obligée d'être aussi nonchalante et docile, jusqu'au point de devenir le jouet de Joe ?
Continuons sur cette lancée, je n'ai pas trouvé les acteurs très crédibles, en particulier Emile Hirsch qui ne semble jamais être à sa place, ou encore Gina Gershon, affreuse. Jusqu'à ce que Joe mette un terme à tout ça dans une séance insoutenable. D'ailleurs, Matthew Conaughey s'en sort avec les honneurs, tant il parvient à inspirer la crainte avec un simple regard. Mais celui que j'ai préféré reste Thomas Haden Church, dans le rôle du père, alcoolique, écrasé et incapable de se sortir dans cette plongée en Enfer.
Friedkin ne semble pas se lasser de scènes toutes plus atroces les unes que les autres. Le sang gicle aux éclats sans que ce soit pour autant très justifié à chaque fois dans des scènes de violence à en glacer le sang. Mais le pire reste bien sûr ces scènes sexuelles, celle entre Joe et Dottie est déjà difficile à supporter, mais alors quand celui-ci soumet la belle-mère à sucer une cuisse de poulet, on atteint des limites horrible. J'ai failli en quitter la salle de cinéma !
J'ai aussi eu du mal avec le dernier twist final, qui ne semble être là que pour proposer à Joe une autre scène atroce de torture psychologique et physique.
Si avec Killer Joe, Friedkin cherche à nous révolter, et bien c'est pari réussi pour lui, mais il y a aussi perdu mon attention. En voulant à tout prix nous faire constater le bordel que c'est dans le Texas, il dépasse un seuil limite. Je ne suis pas fan du cinéma qui cherche à nous dégoûter, il y a bien d'autres moyens de montrer la violence à l'écran, comme le propose par exemple Kitano, avec une violence inévitable, mais plus largement suggérée. En regardant le film, j'avais l'impression d'être un sale pervers qui prenait du plaisir à regarder ces scènes obscènes et sadique. À réserver à ceux qui n'ont pas froid aux yeux, mais ce n'est définitivement pas pour moi.