Imprévisible, ce Killer Joe évolue dans une ambiance de film noir, tout en usant d'un humour du même tenant. À première vue, on pense être face à une œuvre sérieuse, ce genre de production qui met l'emphase sur le Sud américain miséreux, filmée comme il y a trente ans et pleine de mélodrama crasseux. Sauf que, rapidement, les scènes tendent au burlesque et le parti pris de comique noir se dessine, rendant l'atmosphère parfois malsaine du fait de l’ambiguïté humoristique accompagnant la violence crue et très démonstrative. Entre ces films anglais de petites frappes aux plans saugrenus et le grandiloquent d'un Tarantino à la violence débridée, si Killer Joe est à ce point déjanté, c'est aussi grâce à la performance de McConaughey qui entamait là son tournant vers des rôles plus complexes. Plein de principes et d'une sauvagerie froide, il confronte une famille de paumés excellemment interprétée par Hirsh, Temple, Haden Church et Gershon. Des personnages qui trouvent leur apothéose dans une dernière demi-heure absolument folle.